Ils sont horairistes ou concepteurs de plans transport. Ils n'ont pas appris leur métier à l'école mais sur le terrain, à l'écoute de leurs aînés. Demain, ils quitteront l'entreprise à 55 ans à l'instar de leurs collègues de France Télécom ou de la RATP. Ce sont les salariés de la génération dite du baby-boom, nés en 1945 ou 1946. Mais qui les remplacera ?

Le départ de ce personnel, détenteur d'un savoir-faire maison unique en France, représente une véritable perte de mémoire pour l'entreprise. Mais comment l'éviter lorsque, d'ici à dix ans, 70 % des cadres, 50 % des agents de maîtrise et 40 % des agents d'exécution partiront à la retraite? C'est pour compenser cette perte brutale de compétences techniques que la SNCF a décidé de réagir rapidement en lançant, au début de cette année, un vaste chantier de "transmission et de renouvellement des compétences".

Piloté par la DRH, l'objectif de ce programme se décline en deux temps. La priorité est d'identifier les métiers sensibles et les emplois critiques afin de capitaliser les savoirs pour en organiser la transmission aux nouvelles générations. Certes, tous les métiers ne seront pas touchés au même moment et à la même vitesse. La pyramide des âges des commerciaux, par exemple, est beaucoup plus jeune que celle des personnels techniques. Mais c'est justement parmi ces métiers spécifiques à la SNCF, exercés par un petit nombre, que les premiers signaux d'alerte ont été lancés.

« A travers nos trois grandes familles de métiers, voyages, fret et infrastructures, nous avons défini une segmentation entre métiers stables, métiers sensibles et métiers critiques, assure Marie-Dominique Bidault, chef de projet et ex-responsable du recrutement des cadres. C'est sur ces derniers métiers que notre attention se porte. Exercés, dans la plupart des cas, par des opérateurs vieillissants, ils concernent le "coeur de métier" de l'entreprise. » Un travail de cartographie des "compétences" sera donc lancé.

Mettre en place des plans de circulation des trains, organiser le roulement des personnels, tracer un plan de transport... Tout doit être référencé afin de pouvoir transmettre les connaissances, véritable patrimoine professionnel de l'entreprise, via les nouveaux outils de formation, en l'occurrence le e-learning et le knowledge management. Pour anticiper ces évolutions, un Institut des métiers a même été créé avec les partenaires sociaux pour anticiper les mutations des métiers et leurs répercussions sur les futures embauches. Une entreprise avertie...

Effectifs : 176 000 salariés.

Départs à la retraite : 46 % des agents quitteront l'entreprise dans les dix ans qui viennent.

Embauches : 8 594 en 2001, 9 807 en 2000.