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Les entreprises s'apprêtent à tester le contrat jeune

SANS | publié le : 10.09.2002 |

Le nouveau dispositif de soutien à l'emploi des jeunes exonère de charges patronales l'embauche en CDI des jeunes de moins de 23 ans peu ou pas qualifiés. Bâtiment, agroalimentaire, distribution, hôtellerie, restauration : les employeurs de ces secteurs se déclarent globalement satisfaits.

De retour de vacances, les employeurs commencent à étudier la question. L'ANPE enregistre, chaque jour, de plus en plus de de- mandes sur le nouveau "dispositif de soutien à l'emploi des jeunes en entreprise", dont la loi est parue au Journal officiel, le 30 août dernier. Discuté en urgence, ce premier texte social du quinquennat exonère de charges patronales les entreprises qui recrutent en CDI des jeunes de moins de 23 ans n'ayant pas obtenu le bac ou titulaires d'un CAP ou d'un BEP. Quelque 250 000 contrats pourraient être conclus en trois ans.

Le coût pour l'Etat, évalué à 25 millions d'euros pour le deuxième semestre 2002, devrait atteindre 650 millions d'euros en 2005. L'effort budgétaire est jugé pertinent par les fédérations patronales, notamment celles qui emploient une forte proportion de jeunes peu qualifiés.

Coup de pouce

« Il est encore difficile d'estimer l'impact de ce dispositif, mais nos enseignes ont manifesté leur satisfaction », indique Jérôme Bédier, président de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD). L'hôtellerie, qui évalue ses besoins en personnel à plus de 40 000 emplois, à court terme, compte profiter de ce coup de pouce pour rendre le secteur financièrement plus attractif.

« Chez nous, on travaille trop et on ne gagne pas assez. On va en profiter pour augmenter les salaires », affirme André Daguin, président de l'Union des métiers des industries hôtelières (Umih). Le bâtiment, lui, se prépare à recruter 60 000 personnes l'année prochaine. « L'apprentissage nous apportera, au mieux, 20 000 à 25 000 jeunes, les lycées et collèges spécialisés, pas plus de 20 000. Les contrats jeunes pourraient donc nous aider à trouver 20 000 personnes supplémentaires », calcule Jacques Lair, président de la commission formation de la Fédération française du bâtiment (FFB).

Seule l'Union des industries métallurgique et minières (UIMM) émet une note discordante : « Nous regrettons que le dispositif soit fermé aux titulaires du bac, déplore son délégué général adjoint, Dominique de Calan. Dans nos métiers, qui évoluent vite, nous attachons une certaine importance aux diplômes, preuves d'une capacité d'adaptation. Nous demandons donc que des dérogations puissent être mises en place par accord collectif. »

Bienveillance

Les services publics de l'emploi, en charge de l'insertion des jeunes en difficulté, tels que les missions locales et les Plie, portent, a priori, un regard bienveillant sur le nouveau dispositif : « Nous sommes plutôt favorables à une mesure qui place les jeunes non qualifiés en haut des priorités et qui s'adresse aux entreprises, les plus à même de créer des emplois pérennes. Ce qui n'était pas le cas avec les emplois-jeunes », explique Fabrice Kehayan, directeur du Plie de Marseille.

L'absence d'obligation de formation réjouit les fédérations qui s'affirment capables de s'en charger seules. « Nous avons toujours été mobilisées sur la formation, précise l'Umih, et nous avons déjà pris l'initiative de créer un organisme de formation qui sera prochainement opérationnel. » Le bâtiment se remémore son passé et les dizaines de milliers d'immigrés « ne parlant pas le français, que nous avons su intégrer dans nos équipes. Nous saurons recommencer, aujourd'hui, avec ces jeunes en échec scolaire », affirme Jacques Lair. Un enthousiasme que nuance le responsable des questions sociales au sein de l'Association nationale des industries agroalimentaires (Ania), Jean Guillhaumaud : « Sans formation, l'insertion s'avérera beaucoup plus difficile. »

Fabrice Kehayan, du Plie de Marseille, confirme : « Notre expérience nous montre combien l'accueil d'un individu en difficulté peut poser problème à l'entreprise. Il faut lui consacrer du temps et des moyens. » La FCD balaie ces inquiétudes : elle compte sur le savoir-faire de ses enseignes, « lieu traditionnel d'insertion et de formation des jeunes ».

L'essentiel

1 Depuis le 1er juillet dernier, les employeurs qui recrutent un jeune âgé de 16 à 22 ans inclus, sans diplôme ou titulaire d'un CAP ou d'un BEP, bénéficient d'une exonération totale des charges patronales, sans aucune obligation de formation.

2 Les fédérations patronales qui emploient une forte proportion de jeunes peu qualifiés jugent le contrat jeune adapté à leurs besoins. Elles s'engagent à se charger seules de la formation des jeunes embauchés.

3 A priori favorables à la mesure, les structures d'accompagnement et d'orientation des jeunes sans emploi et sans qualification attirent l'attention des employeurs sur les difficultés d'insertion qui pourraient surgir.

Pas d'obligation de formation

Le dispositif ne prévoit aucune obligation de formation.

La loi incite les partenaires sociaux à prévoir, par accord de branche, les modalités de validation des acquis de l'expérience des recrues, ainsi que les conditions dans lesquelles ces jeunes peuvent bénéficier d'un bilan de compétences et des actions de formation prévues dans le plan de formation de l'entreprise.

Seule concession : les jeunes bénéficiaires, qui seront susceptibles d'être embauchés par la suite dans le cadre d'un contrat d'apprentissage ou de qualification, ou de suivre une action de formation professionnelle continue, auront la possibilité de rompre le contrat jeune sans être tenus de respecter le préavis de démission.