logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

SANS

200 postiers sont devenus chefs d'entreprise

SANS | publié le : 10.09.2002 |

Huit ans après la mise en place de son dispositif d'essaimage, La Poste est satisfaite du nombre, de la diversité et de la pérennité des projets qu'elle a accompagnés.

Il y a un peu plus de huit ans, le président de La Poste de l'époque, André Darrigand, fait un désagréable constat : rien n'est fait pour aider les salariés qui se lancent dans une activité indépendante. Il en allait de la responsabilité sociale de l'entreprise. Une réflexion s'engage alors pour que, rapidement, un dispositif d'essaimage soit mis en place pour l'ensemble des salariés du groupe, fonctionnaires comme contractuels. Deux personnes sont nommées pour faire fonctionner ce qui deviendra, en 1995, la direction d'appui à la création d'entreprise (ACE).

Le premier, Serge Vessaz, aujourd'hui responsable du dispositif, est un ancien des ressources humaines de l'entreprise publique. Le second, Jean-Paul Legrand, recruté en externe, vient du milieu de la création d'entreprise. « Notre première tâche a été de rencontrer nos homologues dans les entreprises proposant l'essaimage à leurs collaborateurs », explique Serge Vessaz. Ce fut le cas de Sanofi et de Schneider.

Un ensemble de valeurs

Mais, avant de se plonger dans les tenants et les aboutissants de ce que sera l'accompagnement de La Poste, cette nouvelle équipe choisit d'asseoir le dispositif sur un ensemble de valeurs. Il est question de confidentialité, d'écoute sans restriction ni a priori sur les projets, et aussi de pédagogie. « En particulier celle qui consiste à expliquer aux postiers que l'on ne fera rien à leur place et que la seule volonté de se mettre à son compte ne suffit pas », précise Serge Vessaz.

Il faudra huit mois pour que l'essaimage soit une pratique formalisée (ouverte aux salariés réunissant trois ans d'ancienneté dans l'entreprise) et douze de plus pour aboutir à sa version la plus mature, aujourd'hui encore en activité. Son principe fondateur est toujours d'augmenter les chances de succès des postiers, sans que jamais il ne soit question d'argent (La Poste ne finance pas les projets), et d'améliorer les conditions de leur retour si l'aventure tourne court. Un changement est à noter : la montée en puissance du nombre de salariés accompagnés, « en moyenne, une quarantaine par an ».

Le dispositif fait mouche

C'est du côté des agents, en particulier des facteurs et des guichetiers, que le dispositif fait mouche. Moins chez les cadres « même si leur nombre tend à grossir depuis peu », signale Serge Vessaz. Deux voies leur sont offertes pour se faire connaître de l'ACE : un numéro vert ou le conseiller mobilité orientation professionnelle de leur département. Celui-ci vérifie l'existence d'un réel projet et valide les motivations du salarié. Ensuite, ce dernier est orienté vers les deux "faciliteurs" de l'ACE.

« Notre rôle, à ce stade, et avant même d'accompagner le porteur de projet dans son étude de marché, est de passer en revue l'ensemble des paramètres susceptibles d'influencer le devenir du projet de vie de la personne », insiste Serge Vessaz. A savoir : le conjoint, les enfants, les associés éventuels... C'est seulement après cela que le salarié peut se lancer dans une étude de marché, épaulé par le "faciliteur", puis dans le business plan avec les conseils, cette fois, du réseau des Boutiques de gestion.

A tout moment, il peut faire machine arrière et reprendre sa carrière dans l'entreprise, là où il l'avait laissée. A l'inverse, s'il persiste, le porteur de projet peut bénéficier de modules de formation internes ou externes, principalement en matière comptable, fiscale, juridique et sociale. Pour ce faire, il dispose de jours de disponibilité en signant une « convention des droits et devoirs du créateur » à l'égard d'ACE, après accord du service des ressources humaines de l'établissement dont il dépend.

Six à dix-huit mois de suivi

« Cet accompagnement n'a pas de durée limitée, annonce Serge Vessaz. Nous souhaitons faire du sur-mesure et ne pas nous imposer de procédure figée. Un projet peut nécessiter de six à dix-huit mois d'accompagnement avant le démarrage de l'activité. » Il n'y a pas de règle d'autant que les projets sont de natures très différentes. Et pour cause, l'annuaire des ex-postiers, créé pour l'occasion, réunit à la fois des commerçants, des coachs, des agri- culteurs, des aquarellistes, des propriétaires de camping...

REPERES

1994 : lancement de la direction d'appui à la création d'entreprise, au sein de la direction d'appui à la mobilité des ressources humaines.

Depuis 1996 : 200 créations ou reprises d'entreprise ont été accompagnées ; 170 sont toujours en activité.

Plus de 390 emplois ont été créés, soit 2,3 emplois par structure.

De 35 à 45 ans : c'est l'âge moyen des créateurs qui cumulent une quinzaine d'années d'expérience à La Poste.

LA POSTE

Effectifs : 330 000 (15 % de cadres) dont 225 000 fonctionnaires ; 105 000 salariés de droit privé.

Chiffre d'affaires 2001 : 17 028 millions d'euros.