Quand on lui demande d'où il tire son optimisme, Peter Hartz, 61 ans, directeur du personnel de Volkswagen depuis 1993, cite Saint Exupéry. « Quand tu veux construire un bateau en bois avec d'autres gens, ne commence pas à rassembler du bois avec eux, mais éveille en eux le désir de la mer large et infinie », raconte le manager aux cheveux blancs et aux lunettes rondes. Sous-entendu : il faut d'abord s'enthousiasmer pour l'objectif poursuivi avant de se pencher sur sa réalisation.

Considéré comme l'un des managers les plus innovants d'Allemagne, ce fils de métallo s'est taillé une réputation nationale en 1993. A l'époque, le constructeur automobile Volkswagen se trouve en pleine crise et menace de licencier 30 000 salariés. Fraîchement nommé directeur du personnel de VW, Hartz propose alors une réduction radicale du temps de travail avec baisse équivalente des salaires et invente la "semaine des quatre jours", encore en vigueur aujourd'hui.

L'année passée, il fait à nouveau sensation en proposant un projet permettant de construire la nouvelle Golf, à Wolfsbourg, en dépit des salaires élevés en Allemagne. Celui-ci prévoit la création d'une nouvelle firme employant 5 000 chômeurs payés 5 000 marks (environ 2 500 euros) par mois.

Visionnaire, Peter Hartz est aussi un homme pragmatique. Pour que son rapport sur le marché du travail ne finisse pas dans un placard, il a veillé à ne pas indisposer les "vaches sacrées", syndicats et grands partis. A ceux qui lui reprochent d'avoir plié devant les syndicats, il rétorque : « Notre réforme doit être mise en oeuvre dès le 1er janvier prochain. C'est pour cela que nous avons besoin du soutien de tous les groupes de la société. Nous ne devons perdre personne en route », se défend le manager.