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Luxottica garde un oeil sur le social

SANS | publié le : 27.08.2002 |

L'italien Luxottica, leader mondial des lunettes de soleil griffées (Ray Ban, Persol, Armani...), garde l'oeil sur les conditions de travail, dans un climat social presque sans nuages.

Ray Ban, Persol, Armani, Chanel... Ceux qui, pour l'été, habillent leurs yeux de montures chics ou branchées sont tous, sans le savoir, des clients de l'italien Luxottica. Née voilà quarante ans à Agordo, dans les Dolomites, juste à côté du district de l'optique qui réunit tous les producteurs italiens du secteur, l'entreprise s'est progressivement affirmée comme le leader mondial de la monture de lunettes milieu et haut de gamme, avec 35 000 salariés et une vingtaine de marques. Le groupe, présent verticalement de la production à la distribution, a su tirer parti de l'intuition de son fondateur et principal actionnaire Leonardo Del Vecchio : celui-ci a inventé, voilà quinze ans, les lunettes griffées sous licence. Le style Del Vecchio s'est également affirmé dans la gestion des ressources humaines, qu'il s'agisse des conditions de travail ou du dialogue social.

« L'adhésion aux syndicats est élevée et l'entreprise nous contacte toujours pour résoudre les problèmes », explique Rudy Roffare, secrétaire de la Femca-CISL locale, le syndicat le plus important chez Luxottica. Dans une région où les entreprises sont confrontées quotidiennement à la pénurie de main-d'oeuvre, être employé par Luxottica reste un must et une garantie, malgré un travail d'usine plutôt répétitif. « La symbiose s'est faite parce que ça convenait à tout le monde, note Paolo Chessalè, représentant du syndicat UIL dans l'entreprise. Luxottica prenait les gens du coin qui bossaient dur et bien, et les habitants de la région étaient contents de travailler pour Luxottica plutôt que d'émigrer. »

L'entreprise estime offrir « des conditions de travail meilleures que dans d'autres entreprises de la région : meilleure rétribution, cadre soigné, cantine gratuite, et une prime de résultat liée aux performances de la société parmi les plus importantes en Italie ». De fait, les syndicats aussi notent une différence de salaire de plus de 200 euros brut par mois par rapport au minima de la convention collective de la branche. De plus, la prime liée aux résultats (dont sont exclus les dirigeants, les jeunes sous contrat de formation en alternance et les salariés d'une des usines du groupe dépendant d'une autre convention collective) a constamment augmenté : de 614 euros en moyenne par salarié en 1998, elle a été cette année de 1 174 euros. A l'exception des dirigeants, les salariés ont, en outre, droit à une "caisse de solidarité", financée par des cotisations patronales et salariales, et qui fonctionne comme mutuelle complémentaire.

Bien que mondiale, Luxottica est restée, en Italie, une entreprise traditionnelle, qui embauche surtout en CDI et pratique essentiellement des horaires de journée (8 h-17 h avec une pause déjeuner), même si l'échelonnement des horaires d'entrée et de sortie est à l'ordre du jour des discussions pour renouveler la convention d'entreprise. Le recours au temps partiel - 10 % maximum des emplois - est, en revanche, élevé par rapport à la moyenne du secteur et les discussions actuelles pourraient encore l'augmenter. Sur le tapis également, la formation, la hausse des augmentations liées à l'ancienneté et l'adhésion au fonds de pension de la branche ou de la région. Se félicitant du faible turn-over dans ses usines italiennes, Leonardo Del Vecchio déclarait, en février dernier : « Ici, il y a un attachement (pour l'entreprise ndlr), c'est une valeur fondamentale pour le développement : celui qui fait l'entreprise, c'est le salarié, à tous les niveaux, pas le patron. »

REPERES

3,06 milliards d'euros de chiffre d'affaires 2001.

5 500 salariés en Italie, 35 000 dans le monde.

6 usines en Italie, une en Chine.