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Le DRH de Volkswagen au chevet du chômage allemand

SANS | publié le : 27.08.2002 |

Le gouvernement Schroeder a adopté l'essentiel des réformes de la commission Hartz. Le DRH de VW propose de nouvelles formes d'accès à l'emploi, comme l'intérim géré par les agences pour l'emploi, des microsociétés aidées fiscalement, mais il souhaite aussi accentuer la pression sur les chômeurs indemnisés.

L'initiative vient un peu tard, mais elle pourrait bien sauver le chancelier allemand Gerhard Schroeder de la défaite lors des élections législatives du 22 septembre. Chargé, en février dernier, par le gouvernement rouge-vert de concevoir une vaste réforme du marché allemand du travail, Peter Hartz, directeur du personnel de Volkswagen, connu pour ses idées innovantes (voir ci-contre), a remis, le 16 août, au chancelier social-démocrate, un rapport de 343 pages jugé « révolutionnaire » par la presse allemande.

Alors que le nombre de sans-emploi est repassé, en juillet, au-dessus de la barre symbolique des 4 millions (autant qu'avant l'arrivée au pouvoir de Schroeder), la réforme entend réduire, en trois ans, de deux millions le nombre de chômeurs. « Il s'agit d'une grande oeuvre », s'est félicité Schroeder, dont le gouvernement a adopté, le 21 août, le précieux rapport.

Accélérer le placement des chômeurs

Pour atteindre cet objectif pour le moins ambitieux, les quinze membres de la commission indépendante de Hartz (des économistes, des chefs d'entreprise, des syndicalistes et un homme politique) proposent, en premier lieu, d'accélérer le placement des chômeurs. « Nous voulons raccourcir la durée du chômage de 33 semaines, en moyenne, à 22 semaines », déclare Peter Hartz. La réforme prévoit, ainsi, d'associer à chaque agence pour l'emploi une agence d'intérim, dont les chômeurs deviendraient les employés. « Pour les entreprises, l'avantage est clair. Elles pourront tester à leur guise un candidat avant de l'embaucher définitivement », explique le manager. Le chômeur sera, quant à lui, assuré socialement et bénéficiera au moins d'une formation supplémentaire.

Obligation d'inscription rapide

Pour améliorer le placement, la réforme propose également de renforcer la pression sur les chômeurs. Ces derniers seront, ainsi, obligés de s'inscrire à une agence pour l'emploi dès réception de leur avis de licenciement. Des pénalités financières de 7 à 50 euros par jour sont prévues en cas de retard. D'autre part, les chômeurs qui refuseront un emploi devront justifier leur décision. Jusqu'à présent, les agences pour l'emploi devaient elles-mêmes prouver qu'une offre était acceptable (zumutbar).

Contrairement à une première mouture du rapport, la commission Hartz ne préconise plus de réduction généralisée des allocations chômage. « Une telle baisse pénaliserait tous les chômeurs, qui sont, pour la plupart, des gens très honnêtes qui n'aspirent qu'à travailler », argumente Peter Hartz. Des sanctions ne sont prévues que pour les chômeurs récalcitrants. La commission en- tend aussi créer de nouveaux emplois en incitant les chômeurs à devenir indépendants en créant des "Je-SA" (Ich-AG) ou des "familles-SA". L'offre s'adresse également aux millions d'indépendants travaillant au noir dans le secteur des services, qui pourraient légaliser leur situation en ne payant qu'une taxe de 10 % sur leurs revenus.

La réforme s'adresse en outre aux jeunes, prévoyant des aides financières aux entreprises qui les embauchent. Quant aux chômeurs de plus de 55 ans, ils auront l'occasion de quitter l'ANPE s'ils le souhaitent, sans renoncer entièrement à leurs indemnités.

En guise de conclusion, la commission Hartz lance un vibrant appel à toutes les élites du pays, managers, parlementaires, journalistes, prêtres... « La raison principale du niveau de chômage réside dans l'incroyable indifférence de la société. Il ne s'agit pas des chômeurs du chancelier ou de son adversaire, mais des chômeurs de la société », rappelle Peter Hartz. Campagne électorale oblige, l'opposition conservatrice a qualifié le rapport de « preuve de l'échec du gouvernement Schroeder ». Mais elle a promis d'appliquer certaines mesures en cas de victoire en septembre.