«L'informatique est une réelle opportunité pour les malvoyants, affirme Matthieu Froidure, responsable des formations et associé de la SSII et organisme de formation lillois Urbilog, et lui-même déficient visuel. A condition de disposer d'outils adaptés, nous sommes aussi efficaces que les autres, sur toutes sortes de postes. » Urbilog a déjà formé une cinquantaine de malvoyants à la bureautique et à l'informatique. « Il existe une dizaine de formes de malvoyance, précise Matthieu Froidure. Pour chacune d'elles, il faut un matériel et une formation adaptés. »

Un autre formateur, non-voyant et spécialement chargé du public non-voyant, devrait rejoindre Matthieu Froidure. « Un audit préalable permet d'adapter le poste de la personne handicapée aux besoins », explique Benoît Thieffry, gérant de la société. «Un des objectifs, ajoute Matthieu froidure, est de définir une stratégie d'utilisation de l'ordinateur qui permette aussi de ne pas gêner les habitudes de travail de l'entreprise.» Le coût de la formation est de 380 euros à 695 euros par jour, pour une moyenne de dix jours de présence. « Mieux vaut étaler au maximum la formation, afin de pratiquer chez soi entre les séances », précise-t-on chez Urbilog. Un informaticien atteint d'une dégénérescence rétinienne est venu acquérir un complément de formation qui lui a permis de devenir responsable de service informatique. Un cadre d'Air Liquide a pu retrouver une forme d'autonomie dans son travail. Un ancien cariste, licencié à cause de l'accident du travail qui l'a rendu malvoyant, a effectué une reconversion complète en découvrant l'outil informatique.

« Nous aidons aussi à lutter contre la perte de confiance », assure Benoît Thieffry. Deux personnes, envoyées par les Voies navigables de France, ont ainsi pu rester en poste. A l'exception de ces deux stagiaires, dont la formation a été financée par l'Etat, les stages sont pris en charge par l'Agefiph, le fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées.

« Les entreprises sous-utilisent les malvoyants en les cantonnant à des travaux manuels ou au standard, même s'ils ont un bagage suffisant pour occuper un poste à responsabilités ! Le barrage, ce sont les mentalités. »

Effectifs : 7 salariés.

Chiffre d'affaires : 210 000 euros.