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Un observatoire pour mesurer les effets du stress

SANS | publié le : 16.07.2002 |

Le constructeur automobile est l'un des premiers à avoir mis en oeuvre un observatoire du stress. Un test de niveau de stress, accolé à la visite médicale, permet aux salariés de s'ouvrir aux médecins. Et toute l'organisation est sensibilisée.

Avec son observatoire du stress, lancé en 1998, Renault inaugurait une approche du problème qui convainc aujourd'hui une demi-douzaine de grandes entreprises, et sans doute le double à la fin de cette année. La démarche est, à la fois, vaste et modeste : « On ne peut pas préjuger de l'origine du stress simplement avec un observatoire », estime Philippe Jarriault, médecin coordonnateur de Renault.

Niveau de stress

« On aura toujours un peu de mal à relier une action spécifique à un niveau de stress », opine Jean-Jacques Ferchal, chef du département conditions de travail de Renault. En effet, face aux situations identiques pour tous, il y a la médiation de l'individu, différente pour chacun, mais aussi la vie à l'extérieur de l'entreprise.

Le cahier des charges de l'observatoire, élaboré avec l'aide de l'Institut français de l'anxiété et du stress (Ifas), était donc simple : permettre de quantifier le stress ou, plutôt, ses effets. Lors de la visite médicale, sur une base volontaire et anonyme, les salariés sont invités à remplir un questionnaire informatique d'une dizaine de minutes - 14 items pour l'échelle anxiété et dépression, 10 items pour l'échelle de stress perçu. Le score s'imprime sur un bulletin, qui peut ensuite, si souhaité, servir de support de discussion avec le médecin. La quarantaine de médecins de Renault et de ses filiales ont d'ailleurs été sensibilisés à ces thèmes par l'Ifas.

20 000 tests

L'observatoire dispose, aujourd'hui, de près de 20 000 tests, après avoir décliné le dispositif auprès des départements tertiaires, et des usines de Choisy et de Sandouville, alors que les autres sont en cours. Les chiffres dressent une cartographie des pathologies, avec 23,6 % de stressés, 12,7 % d'anxieux et 4,7 % de déprimés (ils ne se cumulent pas, plusieurs catégories pouvant se mêler).

« C'est devenu un examen complémentaire comme un autre », estime le dr Philippe Jarriault. Et ce test permet, selon lui, de dépister des cas qui, pour la moitié d'entre eux, seraient passés au travers du système de santé. Dès lors, un accompagnement par le médecin de Renault et une orientation sont possibles. Le médecin peut aussi aider le salarié à présenter ses difficultés lors de l'entretien annuel d'évaluation.

Actions de sensibilisation

Depuis la création de l'observatoire, les actions de sensibilisation sur le thème du stress se sont multipliées chez Renault : à Flins, pour 220 personnes (encadrement, médecins du travail, président du CHSCT), ou encore pour l'ensemble de l'encadrement, des formations de deux jours sur la gestion individuelle du stress. Sans compter des formations plus ponctuelles sur les techniques de relaxation, la maîtrise des émotions, l'efficacité des réunions. « Ce sont de petites actions prises séparément, commente Jean-Jacques Ferchal. Mais chacune d'elles peut faire diminuer le stress. »

Eric Albert, directeur de l'Ifas, constate « un crescendo » sur la prévention du stress, à partir de l'outil neutre que constitue l'observatoire : « Cela commence à toucher l'entreprise en profondeur. C'est le calcul que nous avions fait. Une évolution lente mais réelle. C'est un sujet sur lequel il faut savoir avancer à petits pas. »

RENAULT

Effectif : 140 500 salariés.

Chiffre d'affaires en 2001 : 36,351 milliards d'euros.