«Sans être dans une situation catastrophique, nous avions de nombreux accidents dont beaucoup étaient dus à une mauvaise conduite », se souvient Dominique Birraux, chef du service Assurance du groupe Colas. Il fallait réagir, d'autant que cette sinistralité n'était pas sans conséquences financières. C'est alors que ce bâtisseur de routes décide d'intégrer la sécurité routière dans sa culture d'entreprise et de passer d'une situation d'assurance et de gestion des accidents à une véritable politique de prévention des risques. Témoin de cet engagement : l'Etat, avec qui Colas signe sa première charte de sécurité routière, en 1997, dans laquelle elle promet la réduction de 25 %, en trois ans, du nombre d'accidents.

« Avant de nous lancer, nous nous sommes appuyés sur l'expérience d'une de nos filiales, Screg, qui avait entrepris le même genre d'initiative entre 1993 et 1997, détaille Dominique Birraux. Elle nous a permis de comprendre que le risque routier devait, avant toute autre initiative interne, s'exprimer sous la forme d'indicateurs fiables et concrets à commenter au plus grand nombre en termes de pertes voire de gains. »

Ce sont les taux de fréquence de la sinistralité qui ont alimenté ces indicateurs. A l'époque, il variait entre 0,14 et 0,39, selon les 400 établissements. Autrement dit, entre 14 et 39 accidents avaient lieu pour 100 véhicules. Ces chiffres ont été très largement diffusés auprès des collaborateurs, grâce à une mobilisation de l'encadrement, accompagnés d'un message disant, en substance, qu'en tant que professionnels de la route, il était inconcevable de rester plus longtemps insensible au risque routier. Ce n'était là que la toute première étape.

« Nous avons, ensuite, activé tout un réseau interne de collaborateurs disposés à devenir les "messieurs sécurité routière" à travers le groupe. » Après une formation de trois jours, ces volontaires - 300 au total -, baptisés pour l'occasion Relais, sont repartis avec, en tête, l'ensemble de la méthodologie du programme Scope (Sécurité des conducteurs, de l'organisation, du parc des véhicules et de l'environnement) élaboré par Axa. Egalement distribués : une boîte à outils comprenant de multiples supports de communication interne, un guide de conduite sûre et diverses solutions statistiques permettant l'analyse et le suivi de la sinistralité au niveau de leur établissement. A eux, ensuite, d'animer à leur guise le programme Scope.

« Nos relais sont de tout âge et de toute fonction : chauffeurs, juristes, chefs d'atelier... » Ces derniers ont également été chargés de réaliser des audits de conduite, en accompagnant quelques- uns de leurs collègues sur la route, mais aussi des analyses post-accident visant à déclencher des actions correctives. Et, pour chapeauter l'ensemble, la nomination par filiale de comité de pilotage sécurité routière, composé, en général, de représentants de la sécurité matériel, de la formation, de l'assurance et de la communication.

Deux ans après la signature de la charte, les premiers résultats se font sentir, puisque Dominique Birraux obtient de ses assureurs la couverture de 1 000 véhicules gratuitement. Et pour faciliter la vie des relais, « il y a trois ans, nous avons créé dans notre intranet un site dédié à la sécurité routière sur lequel ils trouvent toute la documentation utile pour leur argumentaire, des liens de sites traitant du sujet et un forum permanent. Puis, en 2000, nous avons lancé la Lettre des relais, un recto/verso trimestriel qui se veut un trait d'union entre nos centaines d'animateurs ».

A l'échéance de la charte, Colas dresse un bilan largement positif. L'objectif des 25 % de réduction des sinistres est atteint, voire dépassé. Le taux de fréquence est descendu sur certains sites à 0,09. « Ces chiffres sont d'autant plus satisfaisants qu'ils doivent être appréciés à la lumière de notre croissance externe qui a vu son parc croître de 40 % en France, entre 1997 et 2001, et ses effectifs de 20 %. »

Au total, 7 000 collaborateurs ont bénéficié de la formation Scope. Sur sa lancée, le groupe a reconduit la charte en 2001 avec l'objectif de diminuer encore le nombre d'accidents de 5 % sur trois nouvelles années. C'est bien parti. L'exercice 2001 enregistre déjà 8 % de baisse des accidents. Cette d0euxième opération intègre, cette fois, les filiales étrangères du groupe. Cette année, ce sont les Britanniques qui s'y mettent

Effectif : 53 000 (2001), 21 000 (1997).

Filiales : 20 en France.

Chiffre d'affaires : 7,5 milliards d'euros, en 2001.

Parc de véhicules et d'engins : 19 200 (13 746 en 1997).

1 194 personnes tuées en France, lors de déplacements professionnels ou de trajets entre leur domicile et leur lieu de travail en 2001.

4 192 blessés graves sont également à déplorer.

Source : Sécurité routière