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Les Caisses d'épargne font leur révolution managériale

SANS | publié le : 02.07.2002 |

Un an après avoir dénoncé tous les accords statutaires de manière unilatérale, la direction a bouclé la renégociation des textes sans les représentants des organisations syndicales majoritaires.

En juillet 2001, la direction de la Caisse nationale des Caisses d'épargne passe à l'offensive. Elle dénonce les quatre accords collectifs majeurs qui régissent le statut des salariés : la rémunération, la classification, la mobilité et la gestion de carrière. Elle veut renforcer la compétitivité du réseau en optimisant la gestion des compétences et donner une plus grande cohérence au système de classement des emplois, devenu obsolète. Mais, surtout, elle remet en cause la structure de la rémunération en supprimant les primes automatiques liées à la situation familiale et en remplaçant les primes versées au titre de l'avancement dans l'emploi par une part variable calculée sur des objectifs de performance individuelle à caractère quantitatif.

Turbulences

Le projet inaugure une période de fortes turbulences. Dès l'automne 2001, le Syndicat unifié (SU), la CFDT et la CGT, syndicats majoritaires, refusent de siéger à la table des négociations. Ils menacent la direction d'entreprendre des actions pénalisantes lors du passage à l'euro. Au début de l'année, l'ensemble des syndicats, à l'exception de la CGC, appellent à la grève. Les salariés se montrent peu concernés, seuls quelques centaines d'entre eux se mobilisent. « Ça n'a pas été une grande réussite, confesse Serge Huber, secrétaire du SU. Les salariés n'étaient pas en accord avec le projet de la direction, mais l'effet euro a joué et ils ont préféré faire preuve de civisme. » « Les Caisses d'épargne vivent une période de recomposition syndicale, analyse, pour sa part, Jacques Moreau, président de la FNE-CGC. La CGC est en plein renouveau depuis 1998, tandis qu'un syndicat Sud s'est créé, il y a un an. Les autres syndicats se trouvent en perte de vitesse. »

Le débat est également brouillé par la fronde des syndicats qui réclament la démission du DRH, Bruno Mettling, un haut fonctionnaire passé, à l'automne 1999, du giron du ministère de l'Economie et des Finances à celui des Caisses d'épargne. « Il n'y a pas moyen de discuter. Pour lui, négocier, ça veut dire : voici le projet de la direction, c'est à prendre ou à laisser, vous signez », explique Serge Huber.

L'affaire n'est toujours pas réglée. Deux procédures, intentées par FO, la CFTC et Sud, sont encore en cours. Sur le plan administratif, un recours pour excès de pouvoir a été déposé, en avril 2001, devant le Conseil d'Etat afin d'obtenir l'annulation de la mise en disponibilité de Bruno Mettling, accordée par le ministre des Finances. Sur le plan pénal, les trois syndicats ont déposé plainte pour prise illégale d'intérêts contre le même homme, qui, au titre de ses fonctions au ministère, aurait supervisé un dossier clé : l'adossement du CCF aux Caisses d'Epargne.

Projet imposé

Seules FO, la CFTC et la CGC ont finalement négocié les projets de la direction qui contiennent des innovations majeures (voir encadré). « La direction a tenu compte de nos préconisations. L'ensemble des avantages actuels dont bénéficient les salariés sont maintenus en étant intégrés dans le salaire et une clause prévoit une évolution salariale minimale de 5 % tous les cinq ans, ce n'est pas si mal », estime Jacques Moreau.

Alain le Corre, secrétaire national de la CFDT, porte un tout autre regard : « Les accords mobilité et gestion ne proposent rien de neuf. Globalement, le projet de la direction concourt à faire diminuer la masse salariale. »

La CFDT a donc refusé d'apposer sa signature au bas des documents, comme SU et FO. « Nos propositions ne figurent pas dans les textes. Le dispositif de la direction réduit la marge de progression des salariés », estime le secrétaire général de FO, Bruno Aguirre. Même déception pour la CFTC : « Notre volonté était de négocier et nous n'étions pas effrayés par l'idée de la part variable. Mais la direction a imposé un projet ficelé. » La CFTC envisage de signer le seul accord mobilité. Plusieurs syndicats feront valoir un droit d'opposition dans les quinze jours à venir. La direction, qui ne souhaite pas s'exprimer, pourra cependant faire entrer en vigueur les accords. A moins que les organisations syndicales ne parviennent à remobiliser les salariés.

CAISSES D'ÉPARGNE

Nombre d'agence : 4 600

Effectif : 42 000 salariés répartis à 40 % au siège et à 60 % dans les agences.

Les principales mesures

Rémunération : la prime de durée d'expérience, qui rémunère l'ancienneté à hauteur de 46 euros d'augmentation du salaire mensuel tous les trois ans et la prime familiale de 21 euros par mois, par enfant à charge, sont gelées et intégrées dans le salaire de base du personnel en place, et disparaissent purement et simplement pour les nouveaux embauchés. Une part de rémunération variable, pouvant atteindre 10 % du salaire de base, est instaurée.

Mobilité géographique : priorité des candidatures internes à un poste, création d'une période de détachement pour faciliter l'intégration sur le nouveau poste, prise en charge des frais de déménagement, indemnité de double résidence.

Gestion de carrière : des entretiens d'évaluation de la performance, d'appréciation des compétences et de carrière sont instaurés.