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Malgré les résistances, Pizza Hut remet le couvert

SANS | publié le : 11.06.2002 |

Pizza Hut a signé, il y a quatre ans, un accord sur le temps partagé avec la société Cariane, qui n'a pas séduit les salariés. Ce qui n'empêche pas Pizza Hut de signer un nouvel accord avec Classe'croute.

Le temps partagé est une vieille histoire chez Pizza Hut. La première initiative date du 10 juin 1998. A l'époque, ce fabricant de pizzas, confronté à un lourd problème de turn-over (proche des 100 %), se rapproche de la société de transports Cariane, spécialisée dans le ramassage scolaire. Il voit dans la formule un bon moyen de fidéliser ses 4 000 salariés. Employés, pour les trois quarts d'entre eux, à temps partiel, ils peuvent parvenir à un quasi-temps plein en devenant conducteurs de bus, après s'être fait financer le permis poids lourds par le transporteur.

Le rapprochement de ces deux sociétés n'est, alors, pas le fruit du hasard. Toutes deux sont confrontées au même type de contraintes horaires, elles présentent une proximité géographique et affichent un planning d'activité complémentaire. Alors que Pizza Hut tourne à plein régime à l'heure du déjeuner, du dîner et durant le week-end, Cariane, elle, réunit le gros de ses troupes (2 000 personnes) le matin et en fin d'après-midi. Deux postes, c'est aussi deux possibilités de carrière et, surtout, deux salaires.

Six mois de préparation

L'accord, qui a demandé six mois de préparation, avait de nombreux arguments pour séduire. Pour autant, il ne fait pas recette. Ils ne sont pas plus de trois salariés à être employés actuellement dans les deux sociétés. Au plus fort de l'accord, ce chiffre n'a jamais dépassé dix.

C'était sans compter de nombreuses résistances. Pour Georges Ichkanian, le DRH de Cariane, interviewé lors du lancement de l'accord (Entreprise & Carrières n° 467), celles-ci sont principalement d'ordre culturel : « Notre profession porte un regard assez négatif sur le livreur de pizzas à mobylette. » Et la différence d'âge entre les "Pizza Hut", très jeunes (près de deux tiers de l'effectif est composé d'étudiants), et les "Cariane" n'a pas arrangé les choses. « Chez le transporteur, les salariés ont une mission précise et invariable, décrit Etienne Rémond, DRH de Pizza Hut. Ce qui est moins le cas chez nous, puisque nous pratiquons la polyvalence. » Il fallait donc convaincre les chauffeurs de revêtir la casquette de livreur, mais aussi celles de nettoyeur ou encore de préparateur de pizza.

Organisation décentralisée

A ce frein s'ajoute la complexité due à une organisation décentralisée. « Si la philosophie et le contenu de l'accord ont été largement diffusés en interne, cela n'a pas suffi à convaincre l'ensemble de nos directeurs de centre de profits », ajoute-t-il. Autrement dit, cela n'a marché qu'avec ceux qui ont bien voulu s'investir dans le projet et donc rencontrer leur homologue local. Enfin, un sondage interne, lancé chez Pizza Hut, a fourni un autre élément de réponse. Il a révélé, en effet, que près de 400 salariés n'avaient pas attendu l'accord pour cumuler deux emplois.

Un nouvel accord de temps partagé avec Class'croute

Si Etienne Rémond, DRH de Pizza Hut, croit toujours que le temps partagé est un tremplin pour retenir ses salariés, il tire néanmoins les leçons du passé. Le nouvel accord, signé en mars dernier, a été conclu avec une autre enseigne de restauration : Class'croute (600 salariés). « Nos métiers se ressemblent. De plus, notre syndicat est le même et, pour ce qui concerne l'activité livraison, nous sommes régis par la même convention collective », énumère- t-il. Là encore, les emplois du temps peuvent se juxtaposer. « Nous savons que nous n'avons pas du travail pour tout le monde le midi. Or, notre partenaire tourne à plein à l'heure du déjeuner et est fermé le soir et le week-end, contrairement à nos restaurants et magasins de livraison. »

Synthèse de l'accord

Dès cette semaine, les salariés des deux sociétés recevront, avec leur feuille de paie, une synthèse de l'accord. Ils prendront également connaissance des différentes implantations des enseignes, pour la plupart localisées dans le centre des principales agglomérations. A eux, ensuite, d'entrer en contact avec le responsable. Il est d'ores et déjà prévu que leur horaire de travail soit aménagé pour qu'ils puissent se rendre à l'entretien d'embauche. L'objectif affiché par les DRH : 50 emplois partagés dans les trois mois et 100 dans les six mois. C. L.