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Harley-Davidson Direction et syndicats foncent en tandem

SANS | publié le : 11.06.2002 |

La marque de moto centenaire, Harley-Davidson, brille toujours comme un chrome bien astiqué, et fait le bonheur de ses actionnaires et de ses salariés, avec un turn-over minimal. Parmi les secrets de cette réussite : l'étroit partenariat entre direction et syndicats.

Harley-Davidson, la légendaire moto américaine, fêtera son centenaire, dans une forme pétaradante, l'année prochaine. Les amateurs de gros cube font la queue chez les concessionnaires. Il faut parfois attendre un an pour obtenir la très recherchée V-Rod. Et ses 8 180 salariés n'ont qu'une envie : continuer à travailler pour la marque culte. « Nous sommes fiers de nos produits », explique le vice-président Karl Eberle, directeur de la nouvelle usine de Kansas City (Missouri), ouverte en 1998. De nombreux salariés arborent le tee-shirt Harley à l'usine. Certains, tatoués, portent l'amour de la marque à même la peau. Et finalement, 20 % des effectifs possèdent dans leur garage une Harley-Davidson. Le turn-over, de 2 % à 3 % l'an, est minimal. Quant aux directeurs d'usine et aux représentants des deux syndicats maison, IAM (International association of machinists) et Pace (Paper allied industrial chemical and energy workers), n'ont que des compliments à s'échanger.

Au royaume de la libre entreprise, ces bonnes relations entre patronat et syndicats font même figure d'exception. Mais Karl Eberle y tient. Le patron de Kansas City (1 000 salariés) partage son coin de bureau avec les deux présidents locaux des syndicats. Et ses cadres, responsables d'unités de production (assemblage, atelier peinture, réservoir...), ont tous un interlocuteur syndical, appelé coleader. Des participants actifs dans les réunions hebdomadaires de cercles de qualité, qui traitent les questions techniques du jour. « Il n'y a pas de secrets entre nous, poursuit le directeur d'usine, nous parlons de tout, budget, investissement, volume de production... Et lorsque je ne suis pas là, ils peuvent répondre à ma place, l'usine continue de tourner ! »

Ce climat de confiance a, semble-t-il, été forgé, dans les années 80, lorsque Harley-Davidson frôlait la banqueroute. La société devait faire face à la dure concurrence des marques japonaises, et tentait d'améliorer la qualité de ses moteurs. Le Pdg, l'ingénieur Jeffrey Bleustein, ancien professeur de l'université de Yale, a plongé les mains dans le cambouis. Pendant ce temps-là, les syndicats maison mettaient un bémol sur leurs exigences salariales. Le partenariat s'est solidifié dans le creuset de la crise. Et quand, en 1998, "Docteur blue sky", alias Jeffrey Bleustein, a décidé d'ouvrir un nouveau site à Kansas City... pour répondre plus vite à la demande des passionnés d'Harley, les syndicalistes se sont mobilisés. « Ils nous ont envoyé les personnels adéquats des autres usines pour former les nouvelles recrues, explique Karl Eberle. Et depuis, le site de Kansas City utilise le plus souvent possible les ressources éducatives des syndicats. « Ils sont très forts en matière de sécurité, de prévention et de santé », assure le directeur d'usine.

La formule au parfum de cogestion s'avère payante. Au cours des cinq dernières années, la société a affiché une croissance moyenne de ses bénéfices de 25 %. Redémarrage, poursuite du ralentissement ? Elevée au rang d'icône de la légende américaine, la Harley n'a plus grand-chose à craindre des cycles économiques.

REPERES

8 180 salariés.

3,6 milliards d'euros (+16 %) de chiffre d'affaires, en 2001.

464,2 millions d'euros (+26 %) de bénéfices.

2 % à 3 % de turn-over l'an.