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La vraie simplicité

SANS | publié le : 04.06.2002 |

Faire preuve de simplicité en acceptant les faits tels qu'ils sont n'est pas un réflexe évident dans notre culture de la perfection. Commettre des erreurs reste tabou. Présenter des faiblesses, c'est exposer sa vulnérabilité. Prenons l'exemple d'un manager qui souligne à son collaborateur une faute dans un travail effectué. Aussitôt, l'amour propre de ce dernier est touché. Mais peut-être est-il dangereux de s'offusquer ou de se justifier ouvertement. Surtout si la remarque est fondée. Pour s'en sortir, il va donc ruser. Selon son tempérament, il optera soit pour l'orgueil habilement déguisé, soit pour la fausse modestie. Mais, intérieurement, la marmite bout.

L'orgueilleux fait bonne figure. Apparemment, la remarque ne l'a pas blessé, il semble encaisser sans trouble. Il affiche même un certain détachement, écoute son manager, marque de l'intérêt pour la remarque qui lui est formulée. Il avance quelques justifications, histoire de ne pas se laisser faire, mais sans en rajouter. Il garde une attitude digne, parfaitement "au contrôle". Etre fort, c'est ne pas montrer de faille. Intérieurement, naturellement, il peste comme un beau diable. Il en veut à son manager, qu'il toise d'une pensée méprisante, déguisée bien sûr en attitude courtoise et compréhensive. Celui-là a beau faire semblant d'être modeste, son refuge est bien l'esprit de supériorité. Parce qu'il n'accepte pas ses faiblesses, son orgueil se renforce. A chaque feed-back difficile, il se rigidifie davantage.

Deuxième ruse d'évitement : la fausse humilité. Dans ce cas, l'individu reconnaît tout de suite son erreur et fait son mea culpa. Pris en défaut, il s'abaisse encore davantage : « Mais c'est vrai, où ai-je donc la tête ? » « Des bêtises de ce genre, c'est tout moi. » Sous entendu : « N'en rajoutez pas davantage, j'ai bien conscience de ne pas être à la hauteur.» Bien sûr, ce n'est pas ce qu'il pense. Il a même, cachée en profondeur, une haute idée de lui-même. Mais s'accuser lui permet une manipulation habile : « Puisque je reconnais ma médiocrité, dites-moi que ce n'est pas si grave et que je vaux tout de même quelque chose. » Efficace, cette ruse coupe l'herbe sous le pied à toute critique. Mais à force de se rouler lui-même dans la boue, l'individu y laisse son image de soi.

La vraie simplicité ne tombe ni dans le piège de l'orgueil ni dans celui de la fausse humilité. Quelqu'un de simple et d'authentique reconnaît tranquillement son erreur. Cela arrive à tous de se tromper. Il accepte sans drame l'évidence des faits et saisit cette occasion pour apprendre, pour s'améliorer. Le respect de soi est une zone étroite située entre deux territoires tentants mais destructeurs. Car l'orgueil comme la fausse humilité font stagner, alors que la vraie simplicité fait grandir.