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Les sites corporate s'imposent

SANS | publié le : 28.05.2002 |

Dans un marché de l'emploi de plus en plus tendu, et à l'heure où les DRH compriment leurs budgets de communication, les entreprises misent de plus en plus sur leur site web pour recruter. Si, sur la toile, les espaces "carrières" prolifèrent, les sociétés ne délaissent pas pour autant les job boards. Une vision pragmatique du e-recrutement.

Conseils beauté, mode, bons plans sorties et horoscope... A première vue, le site Internet de Jennyfer, une entreprise de prêt-à-porter féminin, ressemble comme deux gouttes d'eau à un magazine pour adolescentes. A première vue seulement. Car l'enseigne de Bobigny, qui emploie plus de 2 000 salariés en Europe, y traque aussi les profils les plus variés. De la styliste à la vendeuse, en passant par le directeur de magasin, 25 000 internautes se sont, au cours des trois premiers mois de l'année, greffés sur les offres mises en ligne sur jennyfer.com. Une politique e-recrutement que le distributeur a déployée depuis l'automne dernier.

« Notre site, qui datait de 1999, ne permettait pas aux candidats de déposer leur CV. Aujourd'hui, ils ont la possibilité de remplir un masque de saisie. Nous avons pris conscience de l'intérêt d'Internet comme outil de recrutement. Ce média présente l'avantage d'être très réactif et très modulable », observe Sabrina Lejeanvre, responsable éditoriale chez Jennyfer.

Bénéficiant d'une notoriété croissante grâce, notamment, à l'appui de son réseau de distribution, le site de Jennyfer est référencé chez keljob.com, un moteur de recherche d'emplois. En revanche, la société a fait le choix de ne pas travailler avec les job boards. Stratégie payante ? En tout cas, Jennyfer n'est plus un cas isolé. Dans un contexte de tension sur le marché de l'emploi, les espaces "carrières" sur les sites web des entreprises se sont multipliés. Une tendance qui s'est dessinée dès l'an dernier, et qui se confirme depuis.

Section "carrières"

Selon une enquête réalisée au cours de ce premier trimestre, par Ilogos Research, 85 % des entreprises du Cac 40 possèdent ainsi une section " carrières" sur leur site Internet. Toujours selon la même source, 91 % des 500 premières entreprises mondiales disposent d'un site recrutement corporate. En 1998, elles n'étaient que 29 % à proposer ce type de service ! Autres données significatives : 53 % des 1 000 premières sociétés hexagonales ont développé une rubrique RH. Et dans 80 % des cas, celle-ci propose des annonces. Au total, les offres d'emploi sur les sites des plus grands groupes français se sont élevées à 13 151 en 2001. « Ce qui fait des sites corporate le premier lieu de publication d'offres d'emploi sur Internet », indique une étude publiée en février dernier par Keljob.

« Avoir un espace dédié au recrutement sur son site corporate est devenu incontournable. L'entreprise commence à convaincre sur le Net », commente Juliette Civreis, directrice opérationnelle du moteur de recherche. Ce canal d'embauche présente, en effet, une image dynamique de l'entreprise, lui permettant de séduire d'emblée les candidats. La société peut aussi y exposer, avec précision, sa stratégie et sa politique RH. Des informations qui, au final, motiveront le choix de la personne.

Besoin de communication

« En 1995, notre site a été créé pour répondre à un besoin de communication. Montrer aux internautes que nous étions avant-gardistes sur un marché évolutif et de proximité », admet Jocelyne Boddaert, directrice marke- ting de la société de travail temporaire Kelly Services. Poussant plus loin la démarche, certaines entreprises adoptent les techniques du marketing pour capter l'attention des e-candidats. Accenture dispose ainsi d'un espace personnalisé, macandidature.com. Quant au spécialiste du crédit à la consommation, Cetelem, il propose régulièrement, sur son site, des "chats" destinés aux jeunes diplômés.

Techniquement, les sites corporate n'ont également plus rien à envier aux job boards. Celui de Siemens France, qui a soufflé sa première bougie en mars dernier, offre une recherche "flash", permettant au candidat de retrouver très rapidement une opportunité, ainsi que des systèmes de "push", informant les internautes des postes susceptibles de les intéresser, et les recruteurs des CV correspondant à leurs besoins.

Réduction des coûts

Pour Stéphane Amiot, directeur du développement de Recruitsoft, une société qui édite une solution ASP de traitement des candidatures, l'embellie des sites corporate est tout bonnement fondée sur une politique de réduction des coûts : « Les grandes entreprises sont formelles : les sites emploi sont chers. Certes, ils apportent du volume, mais lorsque vous faites le rapport entre les personnes réellement recrutées et les euros investis, le ROI est très faible. » « A l'heure où l'on assiste à une rationalisation des bud- gets de communication RH, les entreprises qui ont misé sur leur propre outil se frottent les mains », note, pour sa part, Benoît Grigaut, directeur du développement de World Careers Network France. Ce choix est, par ailleurs, renforcé par l'avis des internautes eux-mêmes.

Les sites d'entreprise plus utiles

Une enquête réalisée, l'an dernier, auprès des étudiants de l'Essec, montre que le dépôt de CV sur un site généraliste et à l'ANPE est considéré comme une approche « plutôt inutile ». A l'inverse, 83 % des étudiants estiment que les sites Internet d'entreprises sont appropriés pour identifier les sociétés auprès desquelles il est utile de postuler. Autre élément déterminant pour le candidat : le site d'une entreprise lui assure une plus grande confidentialité.

Pragmatiques, les entreprises ne délaissent par pour autant les job boards. « Les sites emploi ont l'avantage de la diversité, ils fluidifient le marché », analyse Eudes Le Gars, ancien directeur de la division informatique de Michael Page, qui s'apprête à lancer cvdunet.com, un méta moteur de bases de CV.

Directeur général de Jobpilot, Patrick Pedersen se félicite, quant à lui, que les grands comptes disposent de leur propre outil de e-recrutement. « Cela signifie que nos clients utilisent le web pour em- baucher, ce qui n'était pas le cas il y a trois ans. A mon sens, les DRH ne peuvent pas se passer des sites emploi, en complément de leur site corporate. Tout simplement, parce que les entreprises ont un problème de visibilité sur la toile. » A cela s'ajoute la difficulté, pour les entreprises, à générer un trafic de CV qualifiés.

Niches

« Les groupes français, relève Stéphane Amiot, se tournent aujourd'hui davantage vers des sites emploi de niches, voire vers des portails communautaires. Les job boards régionaux ont aussi le vent en poupe. » Publier des offres sur un site emploi permet aussi de recruter en toute discrétion, sans mettre en ligne officiellement une offre au nom de sa société. C'est souvent très utile lorsqu'une direction prépare, dans le plus grand secret, le départ de certains de ses collaborateurs.

L'essentiel

1 Dans un contexte de tension sur le marché de l'emploi, les espaces "carrières" sur les sites web des entreprises se multiplient.

2 Selon une enquête, réalisée par Ilogos Research, 85 % des sociétés du CAC 40 possèdent une section "carrières" sur leur site Internet.

3 Pour autant, les entreprises continuent de faire appel aux sites emploi. Les job boards régionaux, ou spécialisés sur des niches d'activité, auraient d'ailleurs le vent en poupe.

Portrait-robot du e-candidat

Il est âgé de 25 à 34 ans (48 %), appartient à la gente masculine (60 %), a suivi des études supérieures (63 %) et dispose d'une expérience professionnelle de plus de deux ans (61 %). Tel est, selon l'Observatoire Internet et emploi, le portrait-robot du e-candidat français en 2002.

Sur la toile, les candidats recherchent avant tout des postes basés en Ile-de-France (41 %), et 24 % d'entre eux lorgnent sur des opportunités de carrière dans le Sud-Est de la France. Sans surprise, le high-tech est le secteur le plus prisé, mais il n'est plus le seul à susciter l'intérêt des internautes. Lesquels recherchent aussi dans le commerce/marketing, l'informatique, les télécommunications, la communication, l'industrie et les ressources humaines.

95 % des e-candidats qui spécifient un type de contrat optent pour un CDI. Après l'ANPE, leader incontesté, Netvalue place l'Apec, Monster, Jobpilot et Keljob en tête des sites emploi les plus visités. Mais, parmi les candidats ayant déjà utilisé Internet, 41 % envoient directement leur CV à un recruteur dans une entreprise, 65 % visitent le site de l'employeur potentiel, et 74 % recherchent des informations sur une société.