Sur les 310 directeurs de magasin Décathlon, un seul a brûlé les étapes qui mènent d'ordinaire à cette fonction managériale. « Le parcours type, c'est de commencer comme vendeur à temps partiel pendant ses études, puis de passer chef de rayon, puis directeur de magasin », indique Gilles Verrier, DRH à l'international. Les trois quarts des directeurs de magasin actuels le sont devenus avant l'âge de 30 ans. « Deux tiers d'entre eux ont commencé comme responsables de rayon, un tiers comme vendeurs », poursuit-il. Recruter des débutants, jeunes et sportifs, les former pour leur confier très vite de larges responsabilités et les hisser aux sommets de la hiérarchie, c'est la stratégie de l'entreprise depuis sa création, en 1976. Aujourd'hui, le supermarché du sport est arrivé à maturité et a davantage besoin d'expertise sur certains métiers.

Une nouvelle donne, à laquelle Décathlon a répondu, il y a environ deux ans, par le recrutement de nouveaux potentiels. Dans les métiers du design, du support, de la production, du marketing et de la conception, les profils sont mélangés, entre "décathloniens pur jus" et collaborateurs venus de l'extérieur.

Même scénario dans le top management où le DRH, le Daf, le directeur de la communication et le "patron du design" sont des "pièces rapportées" de grands groupes mondiaux. Néanmoins, il n'est pas question d'abandonner la culture de la promotion interne. « Ces recrutements sont prescrits à dose homéopathique. Il ne faut pas rompre l'équilibre », analyse Gilles Verrier.

En quatorze ans, Franck Martinez, délégué syndical Unsa, a expérimenté sept postes différents. Pour lui, comme pour les 22 % de salariés en CDI, qui ont plus de dix ans de maison, même si le phénomène est " moins vi- sible qu'avant ", la promotion interne continue d'être une réalité. En témoignent les outils mis en place pour traquer les compétences des employés.

Chaque mois, un entretien mensuel avec le N + 1 permet aux collaborateurs de demander une formation, d'évoquer le souhait de changer de métier ou d'exercer une nouvelle responsabilité. L'université internationale des métiers et les 12 écoles régionales, créées il y a trois ans, assurent les formations métiers et management et délivrent un diplôme reconnu en interne. L'an passé, 15 000 personnes ont suivi une formation d'une durée comprise entre trois heures et quatre jours.

Effectifs : 250 000 salariés.

Nombre de sites : 92.

Chiffre d'affaires : 2,7 milliards d'euros.