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L'EPARGNE SALARIALE CHANGE D'ECHELLE

SANS | publié le : 23.04.2002 |

Les PME entrent dans la danse : leurs patrons ne sont plus exclus des bénéfices de l'épargne salariale et les banques élaborent des offres pour ces petites structures. De leur côté, les grandes sociétés harmonisent leurs dispositifs d'épargne. Le tout sous l'oeil vigilant des syndicats, qui ont décerné leurs premiers labels de la gestion des fonds.

La chasse est ouverte sur le terrain en friche des PME et TPE, encore rares aujourd'hui à proposer un dispositif d'épargne salariée à leurs collaborateurs. Promoteurs de la formule : les grands organismes bancaires qui ont élaboré, notamment, des offres de Plans d'épargne d'entreprise (PEE) "packagées" à destination des petites structures, et mettent leur réseau sur le pied de guerre. Et les PME auraient tort de rester à l'écart de ce que Michel Albert, président de Fondact, appelle volontiers un « petit paradis fiscal et social officiel ». Et, en particulier, les patrons, désormais éligibles, eux aussi, à ces dispositifs d'épargne d'un nouveau type, auront à coup sûr plus envie de les proposer à leurs salariés. Au début de l'année dernière, 97 % de ceux qui travaillaient dans des entreprises de moins de 50 salariés ne bénéficiaient d'aucune forme d'épargne salariale.

Mais, au-delà de ce vaste public à évangéliser, c'est l'ensemble du marché de l'épargne salariale qui est en pleine ébullition. Un peu plus d'un an après le vote de la loi Fabius, et quelques mois après la publication de ses décrets d'application, le paysage affiche des contours précis.

Harmonisation

Les grandes entreprises en profitent pour compléter leur système ou l'harmoniser au terme d'opérations de croissance externe. Ainsi, TotalFinaElf vient d'harmoniser les statuts de ses personnels en signant pour les activités pétrole un nouveau Plan d'épargne groupe. Aventis a réformé l'ensemble des dispositifs proposés aux salariés d'Hoechst Marion Roussel France et de Rhône Poulenc, pour les fondre en une seule offre multigestion, avec Interépargne en gestionnaire administratif unique.

Carrefour, déjà très équipé pour ses salariés directs, étend l'épargne salariale à ses franchisés en signant le premier Plan d'épargne interentreprises (PEI). Plusieurs autres PEI sont en cours de signature ou ont été signés sur une base locale ou sectorielle, mais la grande enseigne de distribution illustre une autre utilisation de ce nouveau dispositif qui devrait être très efficace pour les entreprises de réseau.

Au total, selon le deuxième baromètre de l'épargne salariale de Hewitt Associates, JP Morgan Fleming et Interépargne, présenté le 10 avril dernier, un tiers des entreprises interrogées ont l'intention de revoir leur dispositif d'épargne salariale. De leur côté, les partenaires sociaux, hormis FO, ont choisi de ne pas rester à l'écart du mouvement, et ont fondé le Comité intersyndical de l'épargne salariale (CIES), qui vient de décerner, après un tri sévère, trois labels à des fonds qui respectent des critères tels que la sécurisation des investissements, la transparence de leur gestion et une orientation socialement responsable (voir p. 20).

Vigilance des syndicats

En quelques années, les principaux acteurs, gestionnaires financiers, entreprises, partenaires sociaux, sont donc passés en grand nombre de la théorie à la pratique. A tel point que 87 % des entreprises qui proposent de l'épargne salariale en font désormais un élément à part entière d'une rémunération globale.

Sous l'apparence du consensus d'ensemble, cette dernière tendance, notamment, suscite la vigilance des syndicats, qui ne sont pas prêts à céder sur la question de la non-susbstitution aux salaires.

Quant à la sécurisation des fonds, dans un contexte marqué par le scandale Enron, force est de constater que l'exigence de diversification butte encore sur la réalité des investissements : en moyenne, les FCPE sont investis à 50 % en actions de l'entreprise. Et si la loi oblige à créer un véhicule alternatif, plus sûr qu'un fonds dédié, beaucoup de grandes entreprises choisissent d'abonder bien plus fortement leur fonds maison que les autres. « C'est de bonne guerre, dans une perspective managériale et économique », expliquent les experts, qui mettent l'accent sur l'éducation obligatoire, mais encore défaillante, à assurer auprès des salariés sur les risques de la capitalisation.

L'essentiel

Les PME et TPE sont le nouveau marché de l'épargne salariale. La loi Fabius a créé des instruments pour elles et permet aux chefs d'entreprise d'en bénéficier. Les banques montent des offres et mobilisent leur réseau.

Les nouveaux dispositifs, PEI surtout, commencent à exister sur le terrain. Les grandes entreprises revoient aussi leur système.

Les syndicats ont labellisé des fonds pour aider à sécuriser et orienter cette épargne. Mais ils restent vigilants sur la non-substitution aux augmentations de salaire et sur le mode de financement des retraites.