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« Les femmes payent le prix de la mixité au travail »

SANS | publié le : 09.04.2002 |

E & C : Après un an d'enquête et le recueil de centaines de témoignages, vous publiez, avec Catherine Durand, un livre sur les insultes sexistes au travail, intitulé Métro, boulot, machos. Qu'avez-vous appris ?

K. B. : On a longtemps été nourris de certaines croyances, en particulier celle annonçant que ça y est : nous vivons dans la mixité. Cela a été entretenu par la médiatisation de parcours exemplaires, de madame X, première femme pilote, gendarme, ingénieur... Pour autant, nous n'aurions pu imaginer la fréquence des insultes sexistes et une telle brutalité dans les rapports hommes/femmes. Curieusement, dans le discours habituel, l'agresseur comme la victime de harcèlement moral sont recouverts d'un voile pudique : ils n'ont pas de sexe. Dans ce livre, nous avons voulu dire que tout ne va pas si bien et que le machisme ordinaire existe bel et bien et fait souffrir de nombreuses femmes.

E & C : Pouvez-vous dresser le portrait-robot du macho ?

K. B. : Impossible. Les machos se rencontrent dans toutes les classes sociales et dans tous les secteurs. Toutefois, nous avons été frappées du nombre de témoignages émanant de femmes souhaitant intégrer les domaines jusqu'ici masculins, comme le bâtiment ou la production. Mais, en règle générale, il est clair que cette brutalité au quotidien est moins le fait d'un secteur que celui d'une culture d'entreprise dictée par un dirigeant.

E & C : Quelle est votre explication à ce phénomène ?

K. B. : Tout d'abord, il est une réaction à la menace que sont les femmes dans la sphère professionnelle. C'est un manière de leur signifier qu'elles n'ont pas leur place. Ensuite, elles payent la banalisation du discours sexuel, et l'interdiction de réagir au nom d'une prétendue modernité. Et, en la matière, l'humour très misogyne a bon dos.

* Editions Plon.

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