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Bilan mitigé des green cards allemandes

SANS | publié le : 09.04.2002 |

Fin 1999, l'Allemagne a lancé les green cards pour permettre à 20 000 informaticiens étrangers de travailler sur son territoire. Mais la moitié seulement ont répondu à l'appel.

Elles étaient considérées comme des cartes d'entrée au paradis du marché allemand du travail. Mais le paradis est resté à moitié vide. Près de vingt mois après l'introduction des green cards, des permis de séjour de cinq ans réservés à des informaticiens étrangers, seuls environ 11 200 spécialistes ont répondu à l'invitation du gouvernement Schröder, qui voulait initialement ouvrir les portes de l'Allemagne à 20 000 personnes hautement qualifiées.

Différentes carences

Le manque d'engouement pour ces permis s'explique par différentes carences dans l'offre allemande. Premier handicap : contrairement aux green cards américaines, qui peuvent déboucher sur des autorisations de séjour illimité, leurs homologues allemandes sont limitées à cinq ans. Deuxièmement, les spécialistes embauchés sont certes autorisés à faire venir leur conjoint(e), mais celui-ci ou celle-ci n'a pas le droit de travailler pendant un an. Dernier obstacle : les spécialistes coûtent cher, car ils doivent au moins gagner 51 000 euros par an.

Bilans positifs

En dépit de ces chiffres, le gouvernement et le patronat ont dressé des bilans positifs de l'initiative. Selon Dieter Hundt, patron des patrons allemands, elle a contribué à réduire la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée, notamment dans les secteurs technologiques. « C'est surtout vrai pour les PME, qui ont recruté deux tiers des spécialistes étrangers », a souligné Dieter Hundt. « C'est un grand succès », s'est félicité Walter Riester, ministre allemand du Travail, expliquant que chaque spécialiste avait permis, en moyenne, la création de trois postes supplémentaires. Quatre entreprises sur cinq affirment qu'elles ont amélioré leur compétitivité grâce à ces spécialistes. Trois entreprises sur quatre seraient prêtes à leur proposer un contrat à durée illimitée, si la loi le permettait. Selon l'Office fédéral du travail, à Nuremberg, la plupart des informaticiens sont venus d'Inde (21 %), suivie par la Russie, l'Ukraine et les pays baltes (14 %), la Roumanie (8 %), la République tchèque (7 %) et la Slovaquie 6 %).

Révolution des mentalités

Au départ très controversées, les green cards ont surtout permis une révolution des mentalités, en faisant comprendre aux Allemands qu'ils avaient besoin d'immigrés pour maintenir leur niveau de vie. Elles ont marqué le point de départ d'un débat national sur l'immigration, qui vient de déboucher sur une nouvelle loi, adoptée en novembre 2001 par le gouvernement et, le 22 mars dernier, par le Bundesrat, la chambre représentant les Länder. La législation, qui devrait entrer en vigueur en janvier 2003 (son adoption par le Bundesrat fait l'objet d'une querelle juridique), rendra caduc le système actuel des green cards.

Recruter les meilleurs

Désormais, les employeurs cherchant des informaticiens pourront recruter sans limite des spécialistes étrangers, à condition, toutefois, d'obtenir le feu vert de l'Office fédéral du travail, chargé de vérifier qu'il n'existe pas de candidats allemands pour les postes visés. Ces étrangers hautement qualifiés recevront tout de suite une autorisation de séjour illimité. « Nous devons nous battre pour recruter les meilleures têtes », déclare sans détour la porte-parole.