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PROMESSES TENUES METHODES CONTESTEES

SANS | publié le : 02.04.2002 |

35 heures, emplois-jeunes, égalité professionnelle, loi de modernisation sociale... Depuis 1997, les ministres de l'Emploi, Martine Aubry puis Elisabeth Guigou, n'ont pas chômé. Les DRH non plus! A porter au passif du gouvernement : le manque de concertation sociale et l'absence de réformes portant sur les retraites et la formation continue.

C 'était en 1997. A cette époque, la France se débattait dans le chômage. Le nombre de demandeurs d'emploi dépassait la barre des 3 millions et les contrats temporaires (CDD, intérim, contrats aidés, apprentissage) concernaient près de 2 millions de salariés. Au total, le nombre de chômeurs représentait 12,5 % de la population active. Sans promettre des mesures spectaculaires, ni le retour au plein emploi, la baisse du chômage devenait la priorité absolue de Lionel Jospin. Avec deux mesures phares : la création de 700 000 emplois-jeunes et la réduction du temps de travail.

Les promesses de 1997 ont-elles été tenues ? Sur le plan législatif, 393 lois ont été votées. Des 35 heures à la parité, le parlement aura, en cinq ans, inscrit dans la loi la plupart des engagements pris par Lionel Jospin, le 19 juin 1997, dans son discours de politique générale à l'Assemblée.

Sur tous les fronts

C'est Martine Aubry qui a porté à bout de bras les réformes de grande ampleur. Numéro deux du gouvernement, nommée à la tête d'un superministère, regroupant l'Emploi et la Santé, les Affaires sociales et la politique de la Ville, elle sera sur tous les fronts. En trois ans et demi, elle a innové, bataillé, et bien souvent irrité. 35 heures, lutte contre les exclusions, mise en place de la Couverture maladie universelle (CMU) ou encore création des emplois-jeunes... C'est sur le terrain du social que les avancées de la gauche sont les plus visibles.

L'évolution la plus marquante reste, sans conteste, le passage aux 35 heures. Sujet qui suscitait le scepticisme au départ, la RTT a changé la vie des salariés et des entreprises. Mais les mérites de la loi se font, aujourd'hui, plus discrets, au moment où elle s'applique dans les petites entreprises car les effets sur l'emploi seront moindres...

C'est aussi un sujet qui fâche. Laurent Fabius l'a évacué de son bilan en présentant ses voeux à la presse, en janvier dernier, et Lionel Jospin tempère son impact. Car le feuilleton mouvementé des 35 heures a surtout révélé "la méthode" de l'ex-directrice générale de Péchiney qui a péché sur un point : les relations sociales. On s'en souvient : la démission de Jean Gandois, le patron des pa- trons, "berné" qui, au lendemain de la Conférence pour l'emploi, en octobre 1997, cède sa place à Ernest-Antoine Seillère, qui multiplie alors les initiatives pour déstabiliser le gouvernement. Quant à la CFDT, les relations avec Nicole Notat sont également conflictuelles.

Dialogue social

Preuve de ce faux pas, le dialogue social est devenu l'un des thèmes forts du programme des présidentielles 2002 de Jospin, qui cherche à se réconcilier avec les partenaires sociaux en annonçant une grande conférence économique et sociale en début de législature, en cas de réélection.

Ces cinq dernières années ont également été marquées par la loi sur l'égalité professionnelle, pendant de la loi sur la parité dans la vie publique. Mais, en fine politique, Martine Aubry a, en revanche, joué la prudence sur d'autres sujets. Le chantier des retraites reste en souffrance tout comme celui de la formation professionnelle...

Au final, le bilan s'avère plutôt positif. La courbe du chômage s'est mise à baisser et les entreprises ont battu, deux années de suite, des records historiques de créations d'emploi dans l'Hexagone. Elles se sont même retrouvées à court de main- d'oeuvre en 2000. Au total, 1,7 million d'emplois ont été créés depuis juin 1997. Le taux de chômage s'établit à 9 %. Jospin essaie de s'attribuer les mérites de ce redressement mais la croissance l'y a beaucoup aidé. Toutefois, sans parler de leurs effets directs sur l'emploi, la RTT et les emplois-jeunes ont eu, incontestablement, un im- pact psychologique favorable.

Plans sociaux

Certes, depuis l'été dernier, le chômage est remonté, fragilisant le bilan du gouvernement et rendant très éphémères les dispositifs votés. Les plans sociaux, Danone, Marks & Spencer, AOM-Air-Liberté, ou encore les "licenciements boursiers", survenus au cours de l'année passée, ont suscité l'émotion et l'amertume, contraignant Elisabeth Guigou, nouvelle ministre de l'Emploi, à muscler la loi de modernisation sociale d'un volet anti-licenciement cher au PC.

La remplaçante de Martine Aubry a également à son actif la consolidation des emplois-jeunes et le deuxième programme gouvernemental de lutte contre les exclusions, voté en juillet dernier.

Grogne sociale

Elle a aussi connu des heures particulièrement difficiles, rue de Grenelle, avec la grogne sociale des médecins et des professionnels de la santé, des routiers ou des personnels des impôts, qui sont descendus tour à tour dans la rue pour demander des revalorisations salariales ou une modification des accords 35 heures.

Mais une chose est sûre : malgré de nombreuses interrogations - la pérennisation des emplois-jeunes est toujours en débat -, l'emploi n'est plus, comme en 1997, la priorité des candidats, ni la préoccupation principale des électeurs. C'est la sécurité qui arrive en tête, suivie de près, il est vrai, par les retraites, une réforme à haut risque.

L'essentiel

1 Des 35 heures aux emplois-jeunes en passant par la CMU et la lutte contre les exclusions, la plupart des propositions sociales du gouvernement Jospin sont devenues des lois.

2 Le manque de dialogue social et l'absence de réforme en matière de formation continue et de retraites sont les principaux points noirs du bilan Aubry/Guigou.

3 L'emploi n'est plus la préoccupation première des électeurs. Mais le problème des retraites inquiète.