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L'Italie dans l'impasse

SANS | publié le : 02.04.2002 |

Le dialogue s'est envenimé entre les syndicats et Silvio Berlusconi. Les propositions de réformes libérales, et le réveil du terrorisme, viennent de valoir au gouvernement italien la plus grande manifestation depuis l'après-guerre.

En proposant, à l'automne dernier, une réforme libérale du droit du travail, le gouvernement de Silvio Berlusconi a enclenché un processus dont il ne mesurait sans doute pas les conséquences. D'un côté, le terrorisme s'est réveillé, avec l'assassinat par les Brigades Rouges, le 19 mars, du juriste Marco Biagi, conseiller du ministre du Travail. De l'autre, les Italiens, dans leur grande majorité, considèrent avec défiance les propositions du gouvernement.

Grève générale

Deux à trois millions de personnes sont descendues dans les rues de Rome, le 23 mars, à l'appel du premier syndicat italien, la CGIL, au cours de la plus grande manifestation de l'après-guerre. Et les trois principaux syndicats, la CGIL, la CISL et la UIL, ont proclamé - pour la première fois depuis vingt ans - une grève générale de huit heures, le 16 avril. Pour le moment, Silvio Berlusconi semble avoir perdu sur tous les tableaux. Il a suscité une véritable révolte populaire, sans pour autant avoir fait avancer d'un pouce les réformes contenues dans son programme électoral.

Projet de loi-cadre

A l'automne dernier, le ministère du Travail publie un livre blanc sur l'emploi, d'inspiration très libérale, rédigé par plusieurs experts dont Marco Biagi. Le gouvernement entend reprendre les principales propositions de ce rapport dans un projet de loi-cadre. Devant la levée de boucliers des syndicats, Silvio Berlusconi joue d'abord la fermeté, puis propose le dialogue, pour reprendre la ligne dure quelques semaines plus tard. Une valse hésitation incompréhensible aux yeux du grand public.

La Confindustria, le Medef italien, a longtemps fait pression sur le gouvernement pour libéraliser le marché du travail. Le patronat continue, dans un appel lancé le 26 mars, à se dire favorable à des réformes économiques et sociales, mais il se prononce surtout pour la reprise du dialogue et joue la prudence pour ne pas envenimer davantage le débat. Pour tenter de trouver une issue à l'impasse qui s'est ouverte à propos de l'assouplissement du droit du licenciement (lire ci-contre), les partenaires sociaux pourraient repartir du livre blanc. Le gouvernement a plusieurs fois annoncé qu'il espère renouer le dialogue après la grève générale.

REPERES

L'article 18 qui a mis le feu aux poudres

Cet article prévoit que les travailleurs des entreprises de plus de 15 salariés, licenciés sans "juste motif" ou "juste cause", peuvent s'adresser aux tribunaux pour obtenir leur réintégration. Le gouvernement a proposé de suspendre cette disposition en remplaçant la réintégration par une indemnisation, à titre expérimental pour quatre ans, dans trois cas : les travailleurs en CDD embauchés ensuite en CDI, mais uniquement dans les entreprises du Sud ; les travailleurs au noir régularisés ; et les nouveaux embauchés faisant franchir à leur entreprise le seuil des 15 salariés.