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La reconversion professionnelle des ouvrières de Myrys est difficile

SANS | publié le : 02.04.2002 |

Le congé de formation s'est achevé fin février et la société de reconversion a terminé sa mission, mais les "ex-Myrys" n'ont pas retrouvé de travail.

Le congé de formation de vingt mois, que les 180 salariées de l'usine Myrys de Limoux avaient obtenu aux prix de longues négociations, s'est terminé fin février. « En vingt mois, on était sûres que le site serait réindustrialisé et nous, opérationnelles pour de nouvelles activités », déclare cette ex-salariée qui souhaite conserver l'anonymat pour préserver ses chances d'embauche... Or, en vingt mois, la Sodie (Société pour le développement de l'industrie et de l'emploi, créée par Usinor), qui « devait reclasser 80 % des licenciées », n'a pas tenu ses promesses.

Pari difficile dans une zone aussi sinistrée : la haute vallée de l'Aude a perdu plus de 4 000 emplois industrialisés en vingt ans. Sur les 180 salariées de l'usine concernées par le dernier plan social, 13 ont bénéficié de l'allocation chômeur âgé (ACA), 5 du FNE, 5 ont créé (ou sont en train de créer) leur entreprise et 140 ont adhéré à la cellule de reclassement : une quarantaine ont suivi une formation et une dizaine seulement ont retrouvé un emploi à durée indéterminée. C'est peu.

Zone prioritaire

La réindustrialisation de la haute vallée de l'Aude piétine, malgré le plan de soutien d'un CIADT (Comité interministériel d'aménagement du territoire), lancé en mai 2000, qui a qualifié le bassin d'emplois de Limoux de zone prioritaire et octroyé 17 millions d'euros. Ce financement permet de soutenir les entreprises qui souhaitent s'implanter sur la commune.

La ville de Limoux est devenue propriétaire des bâtiments de l'usine, le fonds d'investissement anglais Klesh Capital Partners, dernier propriétaire de Myrys, a donné la moitié des bâtiments à la ville en dédommagement des préjudices causés et lui a revendu l'autre moitié pour la somme de 0,23 million d'euros. Plusieurs petites entreprises se sont déjà installées. La société Laurent Thierry, spécialisée dans la fabrication de housses de sièges de voiture et de tissu d'ameublement, devrait bientôt occuper les bâtiments restants et créer entre 75 et 100 emplois. « Les anciens de Myrys ne sont pas prioritaires, mais nous espérons que l'ANPE sera vigilante », ajoute Jean-Paul Dupré, le maire de Limoux, qui a mené un long combat pour éviter la fermeture de l'usine.

Plan social "historique"

En désespoir de cause, il se réjouit que les anciennes salariées aient obtenu un plan social "historique" : vingt mois de congés formation et une prime de 13 720 euros. D'ailleurs, les "Myrys" ne baissent pas les bras. Elles viennent de créer un Comité d'action pour le droit au travail (CADT). Ce dernier, encadré par la CGT, s'est installé dans un local prêté par le maire de la commune. Tous les jeudis, les "Myrys" s'y retrouvent. « Travailler chez Myrys, c'était comme travailler dans l'administration, on n'imaginait pas que les usines puissent fermer un jour », raconte Marie-Christine Bayona, ancienne ouvrière qui, à 50 ans, après presque trente ans d'usine, a réussi sa reconversion dans la viticulture.