logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

SANS

Du rififi à l'Ineris

SANS | publié le : 02.04.2002 |

Depuis le début de la semaine, l'unité d'Évaluation des risques sanitaires (Ersa) de l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris) a vu ses effectifs fondre... Polémique

Deux semaines avant la tenue d'une réunion de travail sur les éthers de glycol, organisée par le ministère de l'Emploi, le 16 avril, le "démantèlement" de l'unité de l'Ineris, dirigée par André Cicolella, spécialiste des risques liés aux éthers de glycol - il a mis en évidence les risques cancérigènes qu'ils générent -, ne passe pas inaperçu. Et le collectif " éthers de glycol", qui regroupe aujourd'hui huit associations, ne décolère pas : « Le démantèlement d'une des unités les plus productives de l'Ineris, et ce, sans évaluation préalable, ne nous paraît pas acceptable. » « A terme, cela signifie la suppression de l'unité, craint, de son côté, André Cicolella. J'ai appris, en décembre dernier, que les salariés de mon équipe allaient être dispersés, rapporte-t-il. La moitié déménagent le 2 avril, et le reste suivra. »

Lacunes et manque d'indépendance

Selon le chercheur, cette décision serait la conséquence de pressions menées par les industriels mécontents des résultats de ses investigations sur les éthers de glycol. Une hypothèse que le collectif reprend à son compte, en stigmatisant « les lacunes et le manque d'indépendance par rapport aux lobbies industriels ». Ce à quoi l'Ineris rétorque que cette réorganisation interne a été décidée, par le comité de direction, le 25 mars dernier, après trois mois de concertation, et que l'affectation des six chercheurs dans l'unité qualité de l'air, rattachée à la même direction, répond seulement à un souci d'efficacité. « Quoi qu'il en soit, André Cicolella continuera à diriger son unité avec huit de ses collaborateurs », explique Jean-François Raffoux, directeur scientifique de l'Ineris. Néanmoins, ce dernier n'exclut pas que certains d'entre eux puissent être mis à la disposition de la nouvelle Agence française de sécurité sanitaire environnementale (AFSSE), qui ne sera opérationnelle que dans plusieurs mois.

Toxicologie

De toutes façons, argumente l'Ineris, « les éthers de glycol continuent de faire l'objet d'études, notamment dans l'unité toxicologie ». Ces explications ne satisfont pas les intéressés, qui estiment que ces décisions portent un coup aux investigations menées sur ces substances. Ainsi, deux études récentes montrent, d'une part, que les risques encourus sur le lieu de travail par les femmes enceintes exposées sont importants (1) et, d'autre part, que l'exposition aux éthers de glycol par la manipulation de solvants et de peintures comporte un risque pour la fécondité masculine (2).

(1) Maternal occupational risk factors for oral clefts, étude réalisée sur 851 femmes et publiée en 2000, Scand J. Work Environ Health 2000, vol 26, n° 2.

(2) Occupational exposure to solvents and male infertility, étude canadienne réalisée auprès de 568 hommes, publiée l'an passé.

L'ERSA

Date de création : 1999.

Effectifs avant le 2 avril : 14 salariés et 6 thésards.

Activité : évaluer les risques liés à des situations de crise, des types d'installations classées ou des substances telles que les éthers de glycol.

Articles les plus lus