Shell France a décidé d'aller plus loin que ce que prévoit la loi en matière de dialogue social. En effet, syndicats et direction peuvent, désormais, confronter leurs points du vue au sein du Forum Shell France (FSF). Créé en juin 2001, c'est le 23 janvier dernier que cette instance a véritablement été formalisée par un accord paraphé par les cinq organisations syndicales (CGT-FO, CFE-CGC, CFDT, CGT, CFTC) et les directions des sept sociétés du groupe (Pétroles Shell, Shell Chimie, Butagaz, Compagnie rhénane de raffinage, Shell Global Solutions France, Berroise de raffinage et Couronnaise de raffinage). Son but : mettre à la portée de tous des informations relatives aux problématiques transverses à venir dans l'entreprise, une démarche difficile à mettre en oeuvre avec les seuls comités d'entreprise, éparpillés dans les diverses activités du groupe, autonomes les unes des autres. « Pour autant, il n'est pas question que le FSF se substitue à ces instances légales, précise Olivier de Tinguy, le secrétaire général. Il a pour objet d'instaurer, le plus en amont possible, l'échange, la concertation et le débat sur divers projets économiques envisagés à Shell France, et non d'être consulté. Cela reste l'affaire des comités d'entreprise et du comité central d'entreprise. » Au sommaire des sujets possibles : l'organisation, la gestion, les activités et la marche générale des sept sociétés, notamment les mesures de nature à affecter de façon importante le volume et la structure des effectifs, les conditions de travail, l'emploi ou la formation professionnelle.

Le FSF réunit trois représentants de la direction et 35 représentants des 3 600 salariés concernés. Tous se retrouvent lors de séances plénières, prévues au nombre minimum de deux par an. Parallèlement, des groupes de travail correspondant aux principales activités (gaz, chimie, commercial, RH...) sont constitués de façon permanente. A leur bord : 5 représentants syndicaux et le responsable de l'activité. Ces groupes sont en état de marche depuis mi-février.

« Cette formule assure la transmission d'informations de la base à la tête de Shell, souligne Roger Steinmetz, responsable CFDT Shell France. Le groupe de travail expose au responsable du pôle ce qui se dit dans son périmètre, échan- ges ensuite rapportés, lors des séances plénières, au président de l'entreprise. Mais, pour que cela fonctionne, il faut qu'il y ait une vraie communication descendante, qui suppose franchise et transparence de la part de la direction, même sur les sujets qui fâchent. »

Le 27 mars dernier, avait lieu la première séance plénière du FSF. « Nous en sommes aux prémices », confie Jacques Courtois, directeur des relations sociales. De son côté, Patrick Sciurca, secrétaire CGT du FSF, espère « voir mises en place, petit à petit, des méthodes de travail moins conflictuelles. Ce forum est un moyen de faire un bout de chemin ensemble. Ce qui n'exclut pas le désaccord et la confrontation une fois le sujet porté au CE. »