logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

SANS

Séduction ou sélection ?

SANS | publié le : 26.03.2002 |

Conférence sur le recrutement.

L'intervenant, un genre de consultant qui sait tout (j'en connais plein...), expose longuement les difficultés croissantes que rencontrent ses clients pour « attirer les meilleurs profils » et « les convaincre de venir à nos côtés participer à notre projet de croissance » (Sic).

J'observe la salle.

Les décideurs approuvent tous d'un hochement de tête, déprimés d'avoir à se rouler par terre en suppliant les bons candidats d'accepter leur offre d'emploi, eux qui s'étaient précipités sur leur premier job sans oser demander quoi que ce soit. Autre époque.

Conversation à la pause, autour du café.

« Moi, c'est pas compliqué, je fais la danse des sept voiles à tous les candidats qui m'intéressent : visite de l'usine, rencontre avec tous les décideurs, show audiovisuel dans la salle du conseil, invitation au déjeuner. Au café, je propose la botte... Et un coup sur trois, ça marche. Pas mal non ? »

Air gêné d'un autre participant.

« Heu, moi, c'est un peu différent. Mon job n'est pas réputé attractif, et fait fuir les jeunes et les beaux esprits. Impossible de s'en tirer avec des fumigènes et des "pouet-pouet". Il me faut des compétences très pointues, vérifiées, garanties pure laine. »

« Pas question de plaisanter avec les vérifications techniques. Nos recrutements restent vraiment des procédures de sélection. Et, le plus souvent, c'est nous qui écartons les candidats. »

Intéressant.

Le premier fait un job attractif, mais se voit contraint de faire appel à toutes les techniques de séduction pour tenter d'intégrer des jeunes cadres très sollicités. Le deuxième a beaucoup moins de candidats, et trouve le moyen de continuer, pourtant, à les sélectionner. Bizarre, non ? Arrive un troisième décideur, lo de DRH branché (Friday wear, lunettes ultra light, toison poivre et sel de philosophe de médias). On repose la question des procédures à adopter dans ce monde si compliqué de pénurie de compétences et de concurrence acharnée entre les entreprises pour l'intégration des meilleurs. Alors, finalement, comment concilier sélection et séduction ? « Pas impossible. A mon avis, c'est une question de loyauté dans la démarche. Quand vous vantez, vous mentez. C'est vieux comme le monde. Et ceux que vous attrapez par ce moyen ne sont sûrement pas les meilleurs. Seulement ceux qui croient encore que l'entreprise peut être une sorte de Club Med. Les naïfs. Les futurs déçus. »

Silence réprobateur du vantard.

« Par contre, quand vous sélectionnez, vous séduisez. Pas étonnant non plus. Parce que vous rassurez sur vos intentions et sur la valeur que vous donnez à votre métier. Moins de candidats, d'accord. Mais ceux qui rentrent resteront. Parce que le marché de départ est plus loyal. »

Malin, finalement, le philosophe de médias...

> Pierre-Loïc Chantereau, du groupe Equation.

Articles les plus lus