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Nintendo Le management américain au pays des Pémons

SANS | publié le : 26.03.2002 |

Le géant japonais de la console de jeu est très influencé, dans le domaine des RH, par sa filiale américaine : responsabilisation des salariés, rémunération au mérite, autonomie des managers. Rare dans le paysage nippon, cette "méthode Nintendo" lui vaut, et de loin, la plus forte productivité du pays.

Le géant japonais Nintendo, devenu en quinze ans l'un des leaders mondiaux de l'industrie du jeu vidéo, créateur des célèbres séries Pémon, Donkey Kong et Super Mario Brothers (7 millions d'unités vendues), de la tout aussi fameuse Game Boy (100 millions d'unités écoulées) et de la GameCube (sortie le 3 mai prochain en France), est persuadé qu'il faut de plus en plus, sur le marché en ébullition du software, du hardware et des consoles de jeux, savoir « penser, prévoir et programmer en dehors de la console ». Jamais en retard d'une évolution stratégique, le groupe se métamorphose en "net-company", tout comme son grand rival Sony. Et il plonge dans la téléphonie mobile.

Chez Nintendo, le secret de la réussite est d'abord au coeur de l'entreprise. Dans les couloirs et aux derniers étages de son siège, à Kyoto, quartier général très symbolique au Japon car, paradoxalement, empreint de tradition. C'est là, depuis les années 80 et 90, et jusqu'à aujourd'hui, que ses fondateurs et ses dirigeants, comme son discret Pdg, Hiroshi Yamauchi, ou son habile numéro deux, Atsushi Asada, appliquent un management unique en son genre, jugé ici "efficace", voire "révolutionnaire". Alliant originalité, rapidité, volonté, flexibilité et... humour.

Son modèle, le groupe reconnaît l'avoir importé, en partie, des Etats-Unis, puis remodelé à la sauce japonaise. L'influence, à cet égard, de sa filiale américaine, établie à Redmond (Etat de Washington) est déterminante. Nintendo of America Inc. (et son médiatique Peter Main en charge du marketing) dicte, en effet, les orientations, planifie les opérations pour l'ensemble de l'Occident (notamment pour sa précieuse filiale européenne, Nintendo of Europe, NOE). Grosso modo, la méthode RH de Nintendo tient en quatre points : une autonomie totale des managers, une responsabilisation maximale des employés, une motivation systématique au mérite, une double quête absolue de créativité et de productivité à tous les étages de l'entreprise. Un management à matrice active, à l'image de l'écran LCD de la Game Boy Advance. La recette fait des miracles. Tant au Japon qu'aux Etats-Unis, les concurrents de l'inventeur de Super Mario eux-mêmes reconnaissent du bout des lèvres que la "méthode Nintendo" fait référence.

A l'heure où la déconfiture de l'économie nippone fait la une de la presse internationale, le cas Nintendo intrigue. La société de Kyoto bat des records de productivité et dégage des profits exponentiels. Ainsi, alors que commence la "campagne de printemps" des syndicats pour négocier les hausses de salaires (le shuntô), l'hebdomadaire économique Toyo Keizai a établi la liste des 46 sociétés industrielles japonaises les plus productives par salarié. C'est Nintendo qui arrive en tête avec une valeur ajoutée annuelle par personne de 1,28 million d'euros alors que le salaire moyen y est de plus de 68 803 euros. Soit, pour l'entreprise, un gain par salarié de 1,21 million d'euros ! La majorité des groupes japonais de plus de mille personnes se situent plutôt dans une moyenne de 17 090 à 25 640 euros, pour des niveaux de salaire très variables. Toyota Motor, par exemple, est en 27e position, Sony à la 44e place ! Mais attention : le "système Nintendo" conserve son côté "singapourien" : le groupe ne tolère aucun syndicat. Pas même une petite organisation maison au sein de cette entreprise qui se veut paradoxalement "sympa"!

REPERES

3,95

millards d'euros, environ : ventes en 2001 (mars 2000 à mars 2001).

- 100

millions de consoles Game Boy vendues dans le monde depuis leur création.

- La société reste extrêmement discrète sur certains chiffres et ne délivre pas d'informations sur son chiffre d'affaires, ses effectifs ou sa masse salariale.