A la SNCF, les cadres dirigeants sont ceux qui ont à leur actif plus de 250 points Hay (*). Ils sont au nombre de 85 dans l'entreprise. La SNCF recrute ses futurs dirigeants à la sortie des écoles. Ainsi, 90 % d'entre eux ont effectué toute leur carrière dans l'entreprise. Les cadres dirigeants directement recrutés à l'extérieur se retrouvent dans des fonctions transverses : la communication, la finance ou les systèmes d'informations, par exemple.

La politique de rémunération de ces salariés s'appuie à la fois sur une part fixe, basée sur le niveau de responsabilité exercée, et sur le nombre de points Hay que compte le poste. Le montant moyen de la rémunération annuelle d'un cadre dirigeant est de l'ordre de 106 714 euros, auxquels s'agglomère une part variable directement assujettie à l'accomplissement d'objectifs individuels fixés annuellement par les membres du comité exécutif. Cette part représente jusqu'à 20 % du fixe. Par ailleurs, les cadres dirigeants peuvent obtenir un bonus sur proposition des membres du comité de direction, en cas de résultats exceptionnels. Ce fut le cas au moment du lancement des TGV Atlantique et Méditerranée. Parfois, certains cadres dirigeants bénéficient de véhicules de fonction et d'autres avantages en nature comme, par exemple, des "facilités de circulation".

Le dirigeant a, pour sa part, la possibilité de voyager dans les trains sans aucune limite. Sa famille se voit attribuer à titre gracieux seize "permis" (trajets). Au-delà, chaque membre de la famille peut obtenir une réduction de 90 % sur le prix des billets.

En matière de formation continue, les cadres dirigeants bénéficient de séminaires abordant la stratégie, la finance, les RH, les achats dans des écoles telles que HEC ou l'Insead. Ces périodes précèdent souvent la prise de poste.

En matière de prévoyance, aucun traitement de faveur : tous les salariés bénéficient d'un régime spécifique déjà très favorable qui permet notamment d'effectuer des placements via la Préfon et un plan d'épargne entreprise. Alors, qu'est-ce qui retient les cadres dirigeants ? La ré- ponse se trouve dans la combinaison de raisons culturelles, liées aux valeurs mêmes de l'entreprise (ri- gueur, sécurité, travail en équipe...) et d'autres, plus pragmatiques, afférentes à leurs missions. Eu égard à la place privilégiée qu'occupe la dimension du dialogue social dans leur management, les cadres dirigeants ne sont pas seulement des gestionnaires d'organisations, ils gèrent aussi sans relâche les relations sociales. « C'est, d'une part, l'alternance des différentes missions qui fidélise les cadres dirigeants, assure Albert Aurignac, directeur du département Cadres supérieurs et dirigeants à la SNCF, et, d'autre part, le degré de complexité de la mission. Ce peut être aussi l'avenir prometteur du secteur ferroviaire. En tout état de cause, la rémunération n'est pas le moteur principal. »

N. A.

(*) La méthode des barèmes d'évaluation Hay identifie la valeur relative des postes, en établissant un rapport entre le degré d'utilisation dans un poste des trois facteurs que sont la compétence, l'initiative créatrice et la prise de décision, et le degré relevé pour un autre poste.

> Chiffre d'affaires : 19,8 milliards d'euros en 2000.

> Effectifs : 180 011 au sein de SNCF SA, 38 982 dans les filiales.

> Recrutements : 8 000 en 2001.

E & C : Pourquoi les cadres dirigeants de la SNCF sont-ils aussi fidèles ? Nous leur offrons une grande diversité de responsabilités. Et le groupe donne la possibilité de postuler à une direction dans ses filiales : Thalys à Bruxelles, Eurostar ou Keolis en Grande-Bretagne, ou dans des concessions en Afrique ou aux Pays-Bas, par exemple. Nous leur offrons de véritables plans de développement de leurs compétences sur le long terme. Si je suis énarque de formation, la plupart des cadres dirigeants sont des ingénieurs issus de grandes écoles et, pour diversifier les profils, Louis Gallois a impulsé une politique volontariste de recrutement de cadres au pedigree plus littéraire. Cela participe du renouvellement de l'approche managériale.

E & C : A titre personnel, où puisez-vous votre motivation ? Ma motivation est liée au statut de l'entreprise et aux défis à relever. La SNCF, service public, contribue à l'intérêt général, ce qui me convient. L'ouverture européenne et la mutation extraordinaire liée à l'entrée dans le champ de la concurrence constituent des défis auxquels je souhaite être associé.