Les 35 heures ont accéléré la modernisation des entreprises, en encourageant le dialogue et une réflexion jusque sur la raison d'être du service apporté par la société. Mais elles représentent également une contrainte forte, que les entreprises ont eu tendance à contourner en renforçant l'externalisation. » Pour Jean-François Chantaraud, directeur de l'Observatoire du dialogue social (Odis), le bilan de la RTT est donc mitigé. D'autant qu'il faudra plusieurs années avant de pouvoir mesurer ses effets sur l'emploi et le dialogue social. Et qu'elle a contribué à la dégradation du sentiment d'appartenance à l'entreprise.

L'Odis présentait, en effet, le 11 mars dernier, la synthèse d'une vaste enquête intitulée " 35 heures, contrain- tes, performances et intelligence sociale", entamée en 1999. A partir de quatre enquêtes quantitatives, au- près de 400 DRH et dirigeants d'entreprise, de 200 études de cas, de forums-débats dans toute la France et d'entretiens avec des représentants syndicaux et patronaux, l'Odis conclut que le succès du passage aux 35 heures repose sur une démarche de concertation et une réflexion sur l'organisation du travail indidivuel et collectif, sur l'orga- nisation du temps de travail et sur les relations de travail.

L'Observatoire appelle, par ailleurs, partenaires sociaux et responsables politiques à construire un nouveau contrat social. Pour cela, il préconise, entre autres, que les commissions de suivi des accords de RTT aient pour rôle de les optimiser et pas seulement d'en surveiller l'application, et qu'une loi-cadre soit adoptée, accordant, en matière sociale, un droit d'expérimentation préalable aux partenaires sociaux.