Une récente étude d'Agefos-PME Rhône-Alpes montre que 20 % des contrats de qualification n'arrivent pas à terme et que sept ruptures sur dix sont du fait du jeune. Dans la Loire, l'association Forez Entreprendre, créée en 1997 à l'initiative de grandes entreprises du bassin (telles que EDF, BSN et Badoit) pour faciliter l'insertion des jeunes, plaide pour la reconnaissance managériale des tuteurs en entreprise. L'association estime que leur tâche d'intégration et d'évaluation des futurs professionnels est particulièrement sensible. Son dispositif interentreprises de formation des tuteurs est « aujourd'hui rodé », affirme sa directrice, Isabelle Géry. Une cinquantaine de tuteurs ont été formés depuis 1997.

Forez Entreprendre s'est adossé à une méthodologie fournie par l'antenne ligérienne de l'Agefos-PME pour structurer sa démarche. L'association réunit huit à dix tuteurs, issus de la cinquantaine d'industries adhérentes. Ces salariés sont accompagnés durant neuf mois par un prestataire extérieur, retenu sur appel d'offres. Ils se rencontrent en groupe, à trois reprises, pour participer à des modules pédagogiques (accueil du jeune, transfert du savoir-faire, évaluation en continu, dialogue avec le centre de formation) et échanger leurs impressions respectives. Gisèle Rivière-Terrolle, consultante, intervient régulièrement sur ce programme qui prévoit également trois visites individuelles sur site. Elle compare volontiers son rôle à du coaching. « Une préoccupation des entreprises est de constater, chez les jeunes, un manque de respect des horaires ou des relations de hiérarchie. J'aide alors le tuteur à réhabiliter une culture de l'entreprise. » Le taux de succès des contrats de qualification s'améliore-t-il grâce à ce système ? Forez Entreprendre en est certain mais n'a aucun chiffre à donner.

Autre force du dispositif : le parrainage du jeune. Lorsque le contrat de qualification n'aboutit pas à une embau- che, son encadrant lui donne un coup de pouce pour sa recherche d'emploi, voire le coopte auprès d'autres entreprises du bassin. A l'Agefos-PME, Marie-Christine Ernoux souligne que ce programme pérenne, dont le coût individuel est de 549 euros (financé au titre de l'alternance par l'Opca de l'entreprise) a développé « une solidarité entre les tuteurs ».

De son côté, Forez Entreprendre envisage, comme prolongement de son action, de former des tuteurs qui encadreront des demandeurs d'emploi en Contrat de qualification adulte (CQA). L'association expérimente, depuis novembre dernier, cinq CQA dans les métiers du magasinage et de la production.