logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

SANS

Les partenaires sociaux s'invitent dans le débat

SANS | publié le : 12.03.2002 |

A la suite du Medef, de la CGPME ou encore de la CFTC, ce sont les représentants des artisans et la CFDT, bientôt rejoints par la CGT, qui interpellent les candidats aux élections présidentielle et législatives sur les thèmes dont ils souhaitent les voir débattre.

Le Medef avait ouvert le bal, au travers d'une série de rencontres thémati- ques, suivies d'un congrès extraordinaire, le 15 janvier dernier à Lyon (voir Entreprise & Carrières n° 606). Ce jour-là, le mouvement avait réclamé pour la première fois un "droit d'ingérence" dans le débat et promis de "harceler" les candidats sur les neuf résolutions adoptées par ses membres. Son président, Ernest-Antoine Seillière, prévoit de faire le point la dernière semaine de mars sur les résultats de la démarche.

Dans le camp patronal, la CGPME a suivi, le 14 février dernier, en présentant à Jacques Chirac son "manifeste", intitulé Respectez la force des PME, réclamant l'assouplissement des 35 heures, un relâchement de la pression fiscale, une décrue des charges sociales, un allègement des formalités administratives ou encore un renouveau du paritarisme dans la gestion du système de santé. « La démarche n'est pas nouvelle, indique-t-on à la Confédération, mais le dispositif de communication qui l'accompagne est d'une ampleur inédite. »

Débat contradictoire

La CGPME espère ainsi organiser, au mois d'avril, un débat contradictoire entre deux grands leaders de droite et de gauche sur la place des PME dans l'économie française, et diffuser à la radio des spots publicitaires pour faire entendre ses revendications.

Quant à l'Union professionnelle artisanale (UPA), elle a publié, le 1er mars dernier, une lettre ouverte aux candidats, présentant ses "cinq priorités", afin de rappeler aux futurs responsables que « les grands choix économiques et sociaux concernent trop souvent les seules grandes entreprises ». Tandis que l'une de ses composantes, la Capeb (artisanat du bâtiment), a fait parvenir aux candidats, le 5 mars dernier, un livre blanc de cinquante pages.

Les syndicats de salariés, eux non plus, n'entendent pas rester absents de la campagne. Dès le 22 janvier, la CFTC a fait connaître ses "propositions pour mieux vivre", réclamant, notamment, un nouveau statut du travaillleur, un meilleur partage des richesses, des retraites personnalisées...

La CFE-CGC a, quant à elle, organisé, le 21 février, une convention intitulée "Le cadre au coeur de la société" pour mettre en avant les revendications de l'encadrement.

Adresse aux candidats

La CFDT, enfin, a rendu publique, le 1er mars dernier, son "adresse aux candidats". Pour cette confédération, la démarche est habituelle : « Depuis 1986, nous n'appelons plus à voter à gauche comme nous le faisions traditionnellement. Pour autant, il ne s'agit pas de rester muets : le débat ne doit pas être limité aux partis, les corps intermédiaires que sont les syndicats ou les associations doivent exprimer leurs attentes pour que les citoyens puissent faire leur choix en fonction des réponses des candidats. »

« Les partenaires sociaux ont toujours interpellé les candidats sur les points spécifiques pour lesquels ils souhaitaient les voir s'exprimer, confirme Hubert Landier, consultant et rédacteur en chef de la lettre Management et conjoncture sociale. Ce qui est le plus nouveau, c'est le fait qu'aucune organisation syndicale ne roule ouvertement pour un parti, et, surtout, la position très en pointe de la centrale de Nicole Notat dans cette campagne, peut-être en réponse à la démarche médiatique du Medef. »

Par ailleurs, la mobilisation des partenaires sociaux semble à la mesure de l'espace plus que réduit dans lequel les ont tenus, pendant cinq ans, aussi bien le gouvernement que le législateur sortants.

Panne de dialogue

« Le dialogue entre le gouvernement et les partenaires sociaux est en panne depuis plusieurs années. C'est vraiment, à mes yeux, le point faible, et le mot lui-même est faible, de ce gouvernement », a ainsi récemment déclaré Nicole Notat.

Ce qui explique que la CFDT fasse du « partage des responsabilités entre l'Etat et les partenaires sociaux dans la conduite du changement social » le premier thème sur lequel elle souhaite connaître les engagements des candidats, avant leur position sur l'Europe, l'emploi, la retraite, le système de santé et la modernisation de l'Etat. La CFTC, également, réclame un meilleur dialogue social, laissant « un large champ d'initiative aux partenaires sociaux », tandis que l'UPA, pour sa part, dans la droite ligne de la position commune des partenaires sociaux du 16 juillet dernier, « considère qu'il faut redonner sa pleine force à la loi et reconnaître la place de la négociation collective dans le système social français ».

Enfin, pour Bernard Thibaut, de la CGT, dont l'organisation a annoncé l'envoi prochain aux candidats d'un "mémorandum reprenant ses objectifs en matière économique et sociale", « le chantier prioritaire de l'après-élections est la réforme de la démocratie sociale : règles de représentativité syndicale, accord majoritaire et droits d'intervention sur la gestion des entreprises ».

Bientôt les Prud'hommes

L'année 2002 s'achèvera par une nouvelle élection : les prud'homales. A l'heure où les partenaires sociaux es- saient de donner plus de place à la négociation collective face à la loi, le scrutin prendra un relief particulier : « Malgré nous, les élections prud'homales seront des élections de représentativité », déclarait ainsi Jean-Luc Cazettes, président de la CFE-CGC, le 21 février dernier.

Si la véritable campagne pour les prud'homales ne démarrera qu'en septembre prochain, les syndicats sont d'ores et déjà soucieux de leur visibilité.

Les politiques courtisent les syndicats

« Négociation collective » : ces termes sont dans la bouche de presque tous les candidats à l'élection présidentielle. Dans celle de Lionel Jospin d'abord, qui s'est vu reprocher sa méthode directive dans le dossier de la loi de modernisation sociale ; comme dans celle de Jacques Chirac, qui a encore en tête les grèves de 1995 sur les retraites dans la fonction publique.

Pas question, donc, de commettre les mêmes erreurs en se passant de l'avis des partenaires sociaux. Lionel Jospin s'est ainsi rallié à l'idée de Martine Aubry d'une "conférence économique et sociale" en début de législature.

Noël Mamère est également partisan d'une conférence annuelle sur les salaires, l'emploi et les revenus.

François Bayrou préconise, quant à lui, que se tiennent à l'automne 2002 des "états généraux de la démocratie sociale", tandis que Jean-Pierre Chevènement plaide pour une "conférence des revenus" et une "table ronde sur l'évolution des pouvoirs dans l'entreprise et la représentativité des syndicats".

François Bayrou et Jacques Chirac ont également prévu de faire plancher les partenaires sociaux sur l'assouplissement de la loi sur les 35 heures.

D'une manière générale, les candidats promettent de les consulter sur pratiquement tous les thèmes sociaux.