A peine 9 % : c'est la part de femmes dans le secteur du bâtiment sur un total de 1,2 million de salariés. Pour ce secteur, plus rien ne le justifie, pas même la difficulté physique des métiers qui changent à la faveur d'une évolution des techniques, d'un accroissement des fonctions d'interface et de suivi technique ou administratif et d'une élévation des niveaux de qualification. Et l'arrivée des femmes est d'autant plus nécessaire que le bâtiment souffre d'un manque de main- d'oeuvre.

La Fédération française du bâtiment (FFB) et l'Etat ont donc signé un protocole d'une durée de cinq ans, comportant une série de mesures pour féminiser la formation. Il prévoit notamment un volet études, avec la réalisation de deux enquêtes qualitatives, l'une sur les représentations sociales du secteur de la construction, l'autre sur les situations professionnelles et les transformations introduites par la présence des femmes. L'ouverture des sections bâtiment de la filière apprentissage aux jeunes filles et des actions de communication en direction des acteurs scolaires ont été étudiées. Le dispositif sera complété par une campagne de sensibilisation des professionnels. Le protocole, qui a vocation à être discuté et décliné par les fédérations régionales et départementales du bâtiment, s'appuie sur une démarche entreprise pour la première fois en 2001 dans le département de l'Aveyron. « Avec l'ANPE, l'Afpa, la délégation régionale aux droits des femmes et l'Aref BTP, plusieurs entreprises se sont demandé si elles pouvaient se permettre de se priver des compétences de la moitié de la population alors qu'elle manquaient de main-d'oeuvre qualifiée », se rappelle Pierre Fara, secrétaire général de la FFB pour la région Midi-Pyrénées. Une quinzaine d'entreprises se sont finalement dites prêtes à proposer des postes à des femmes sur des métiers de production tels que l'électricité, la couverture, la peinture, le revêtement de sols, la conduite d'engin ou la maçonnerie. Une campagne publicitaire par voie d'affichage, de radio et de presse écrite a permis de retenir 20 candidates, aujourd'hui en contrat de qualification après une période de découverte des métiers de quinze jours et avant une embauche définitive.

Encouragé par les bons résultats de l'Aveyron, un groupement d'employeurs pour l'insertion et la qualification du Lot s'est lancé dans la bataille avec une opération égalité des chances dans le BTP. Huit femmes sont au- jourd'hui en CDI et deux autres en formation qualifiante. Sur les deux années à venir, l'ensemble des départements de Midi-Pyrénées vont s'engager dans la même démarche. Objectif : 80 recrutements de femmes.