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La RTT au bout du tunnel

SANS | publié le : 12.03.2002 |

Seize mois après la plus longue grève qu'ait jamais connue la ligne ferroviaire qui relie Nice à Digne, un accord sur le temps de travail est imminent.

Après soixante et onze jours de conflit, à l'été 2000, les salariés et la direction de la CFTA (Compagnie française des transports automobiles), filiale du groupe Vivendi et exploitant de la ligne ferroviaire du train des Pignes, signaient un protocole d'accord. Ils s'engageaient à ouvrir des discussions sur la mise en place des 35 heures et l'application du plan de modernisation et de réorganisation de l'entreprise. Ils s'étaient donné six mois pour parvenir à un accord définitif.

De nombreuses réunions avec la direction

C'est finalement trois fois plus de temps qu'il aura fallu pour aboutir à un accord sur la réduction du temps de travail. En attente d'une validation par la Direction régionale du travail, il devrait être signé ce mois de mars. « L'accord était remis d'un mois sur l'autre, explique Jean-Luc Ivaldi, délégué CGT (seul syndicat). Mais aujourd'hui, nous avons bon espoir car, depuis novembre, après plusieurs mois de silence, la direction a mené avec nous quantité de réunions qui ont permis d'avancer sur la question de l'organisation du travail. » Frédéric Liguoro, directeur de la CFTA, acquiesce : « Il existe, de part et d'autre, une volonté de dialogue que j'estime favorable à la survie de l'entreprise. »

Le projet d'accord prévoit onze jours de RTT par an, dont la prise est fixée par avance, auxquels s'ajoutent trois jours flottants ainsi qu'une réduction du temps de travail quotidien, plus ou moins importante selon les services. Il officialise, également, une pratique naissante, la polyvalence choisie. « Il s'agit d'enrichir la palette des compétences des salariés par la formation pour pouvoir les affecter temporairement à d'autres postes en fonction des besoins, indique Frédéric Liguoro. Par exemple, un cheminot de la voie peut conduire un train de travaux ou un chef de train délivrer des billets au guichet. Certes, cela nous coûtera cher dans les trois à cinq ans. Actuellement, nous consacrons 3 % à 4 % de la masse salariale à la formation, et ce chiffre ira en augmentant. » La CGT, elle, met en garde contre les dérives de ce système : « Nous resterons attentifs afin que le volontariat reste la règle. Mais cette méthode constitue une menace pour la sécurité dans la mesure où un salarié qui exerce ainsi deux activités très différentes ne peut en posséder une maîtrise totale. »

Sur les voies et dans les salles de réunions, un autre dossier préoccupe les cheminots. Régulièrement, ils dénoncent le manque d'investissement dans les machines et les infrastructures. Depuis des années, des inondations ont fragilisé certaines portions de voies. Des opérations de consolidation des digues, pourtant prévues de longue date, sont toujours à effectuer. L'été dernier, comme à chaque fois, c'est la faible capacité du parc matériel qui a conduit à refuser des milliers de touristes. Jean-Luc Ivaldi tire la sonnette d'alarme : « Pour essayer de réduire les retards et augmenter un peu la capacité de transport, des rotations sur une partie de la ligne ont été supprimées. L'exploitant ne remplit pas sa mission de service public. »

19,05 millions d'euros seront investis

Retardé à maintes reprises, le programme de mise à niveau de la ligne, annoncé il y a douze ans, doit enfin démarrer. Au total, 19,05 millions d'euros, dont la moitié financée par l'Etat, seront investis. Suite à un appel d'offres, la maîtrise d'ouvrage a été confiée à la SNCF Ingénierie, mais la date de début des travaux n'est pas fixée. Or, direction et syndicats en conviennent, il y a urgence. La grève, en 2000, a coûté cher : 305 000 euros et la perte définitive d'une clientèle représentant 5 % à 10 % des 6,1 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel.

CFTA

Effectif : B>118 salariés.

Chiffre d'affaires : 6,1 millions d'euros.

Modalités de la RTT : 11 jours de RTT fixes par an, 3 jours flottants et une réduction horaire du temps de travail quotidien plus ou moins importante selon les services.