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La fin des belles années

SANS | publié le : 12.03.2002 |

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La fin des belles années

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Quatre entreprises sur cinq prévoient de stabiliser leur effectif d'encadrement cette année, selon les prévisions de l'Apec. Au total, les recrutements de cadres devraient diminuer de 20 % en 2002.

L'euphorie n'aura été que de courte durée : deux ans après les tensions enregistrées sur le marché du travail, l'envolée du secteur high-tech, la guerre pour les "talents" ou encore la multiplication des débats sur le "retour au plein emploi", les directions des ressources humaines déchantent et changent de cap. L'optimisme cède la place à l'attentisme. L'utopie à la prudence. Selon les prévisions de l'Association pour l'emploi des cadres (Apec), publiées le 5 mars, 81 % des entreprises annoncent qu'elles vont maintenir leur effectif stable, tandis que 14 % vont l'accroître et 5 % envisagent de le diminuer.

Le pessimisme est d'ail- leurs encore plus flagrant dans les grands groupes. Alors qu'ils avaient contribué au dynamisme du marché du travail en 2000 et 2001, cette année, ils ne rééditeront pas l'exploit : 26 % d'entre eux seulement s'orientent à la hausse du personnel d'encadrement au lieu de 46 % l'an passé. Au total, les entreprises prévoient de recruter 150 000 cadres cette année, soit 20 % de moins que l'année dernière.

Prudence des DRH

Il faut remonter à 1992 pour retrouver la même prudence de la part des DRH. Trois raisons expliquent ce phénomène, d'après Jacky Chatelain, directeur délégué de l'Apec : « Le ralentissement économique observé dès le début de l'année 2001, l'incidence des attentats aux Etats-Unis en fin d'année et les incertitudes actuelles pesant sur les marchés financiers. » En revanche, ni les échéances électorales, ni la réduction du temps de travail ne semblent compter dans les estimations.

« L'économie se fiche des élections présidentielles, poursuit Jacky Chatelain. Quant à l'impact de la réduction du temps de travail, il a été extrêmement faible, de l'ordre de 1,05 % sur l'ensemble des postes cadres. » Tous les secteurs vont être concernés par ce coup de froid, et plus particulièrement l'industrie, où les perspectives sont les plus moroses (12 % seulement des sociétés industrielles prévoient une croissance des effectifs, contre 21 % il y a un an). Les jeunes diplômés seront également affectés par cette situation. Ils seront ainsi moins nombreux à débuter en entreprise avec le statut cadre (-27 % par rapport à l'année dernière). Les plus fortes baisses sont attendues dans les fonctions administration, direction générale, finances, comptabilité, études, recherche et informatique.

Promotions internes

Seule consolation : les promotions internes devraient à nouveau augmenter : quel- que 75 000 à 79 000 salariés non-cadres devraient être promus à un poste de cadre cette année, soit une hausse de 7 %. Ainsi, le tiers des postes pourvus cette année devraient l'être par promotion interne. Une façon, pour les DRH, de préparer la relève de leur staff vieillissant.

Bilan 2001 : des signes avant-coureurs

Le secteur privé a enregistré en France, en 2001, la création nette de quelque 90 000 emplois cadres, soit une hausse de 3,7 % en un an. Quelque 262 000 postes de cadres ont été pourvus en 2001, dont 190 000 par recrutement externe, soit +2 %. Et 72 000 par promotion interne, soit une hausse spectaculaire de 28 %.

Dans le même temps, le nombre de départs (démission, retraite, licenciement) a progressé de 19 %, à 172 000 (contre 145 000 en 2000). Au cours de l'année passée, « de nouveaux records ont été atteints en termes de postes pourvus, de recrutements et plus encore en termes de promotions internes », selon l'Apec, après une année 2000 qui avait déjà été marquée par un « record historique ». Toutefois, 2001 reste une année « en trompe l'oeil ». Derrière le dynamisme apparent, quelques failles avaient commencé d'apparaître : les jeunes diplômés, tout d'abord, ont perdu du terrain après l'effondrement de la bulle technologique, le secteur informatique ayant enregistré un repli de 15 %.

D'autre part, pour la première fois depuis 1993, le secteur des services, premier employeur et premier recruteur de cadres, marque le pas (-1 %) tandis que le recrutement des cadres commerciaux progresse de 17 %, ce qui est le « signe d'une gestion plus orientée vers le court terme », indique l'Apec.