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DaimlerChrysler : deux cultures du dialogue

SANS | publié le : 12.03.2002 |

Le géant de l'automobile possède 757 comités d'établissement sur le sol allemand. Si Américains et Allemands ont conservé leurs structures de représentation, les délégués ont monté des organes internationaux de partage d'informations.

Au sein des sites de production de DaimlerChrysler, la machine électorale tourne déjà à plein régime. « Le 13 mars, tous les employés vont élire leurs représentants. Cela demande une énorme organisation », confie Silke Ernst, porte-parole du comité d'entreprise du groupe (Gesamtbetriebsrat), qui coordonne l'action de l'ensemble des comités d'établissements (Betriebsrat). Et pour cause. Le géant germano-américain de l'automobile, qui emploie 191 000 personnes en Allemagne, possède pas moins de 757 comités d'entreprise sur le sol allemand, dont 340 dans ses usines, 348 dans ses filiales de vente et 36 dans ses centres de recherche. « Il faut fixer le déroulement des élections, ce qui suppose un arrêt des chaînes de production, préparer les différentes listes... », poursuit Silke Ernst. Au site de production de Siedelfinger, les 42 000 salariés auront par exemple le choix entre cinq listes : syndicaliste, chrétienne, indépendante... Celle du syndicat IG Metall est, de loin, la plus importante.

Jour historique

La réforme de la codétermination a été accueillie avec enthousiasme par les représentants des salariés du groupe. « Le 13 mars sera un jour historique. Pour la première fois, les employés et les ouvriers vont élire la même liste. Avant, chacun présentait la sienne », se réjouit Silke Ernst. Autre effet de la réforme, le nombre des délégués va augmenter. Il passera, par exemple, de 51 à 59 sur le site de production de Siedelfinger.

Incompréhensible

La porte-parole des délégués juge « incompréhensible » la colère du patronat envers la réforme. « Nous concilions d'une manière très efficace les intérêts de la direction, qui souhaite avant tout de la flexibilité, et ceux des salariés, qui cherchent à gérer au mieux leur temps de travail », met en avant Silke Ernst, citant deux accords récents sur une meilleure conciliation entre les intérêts professionnels et familiaux et sur l'introduction de comptes de temps de travail en fin de carrière.

Selon la déléguée, la fusion de DaimlerBenz avec l'américain Chrysler n'a pas conduit à un affaiblissement du rôle des comités d'entreprise allemands. « Chacun a gardé son système. Ils sont très forts. Nous aussi », assure-t-elle. La fusion des deux groupes aux traditions très différentes a toutefois nécessité certains changements. IG Metall a dû céder l'un de ses sièges du conseil de surveillance au chef du syndicat américain de l'automobile. Les syndicalistes américains, allemands et les délégués du personnel ont aussi créé un labor comity, qui prépare chaque réunion du conseil de surveillance. Et les représentants des salariés du groupe ont créé une instance de réunion commune, baptisée international automotiv working group, qui réunit des délégués allemands, espagnols, brésiliens, canadiens et américains.

Quant à l'expansion du modèle anglo-saxon, qui place l'actionnaire et non le salarié au coeur des décisions... « La cogestion allemande est un modèle très puissant », répond la déléguée.