Depuis deux ans, le marché européen des grandes entreprises est ouvert à la concurrence, au minimum à hauteur de 30 % pour l'électricité et de 20 % pour le gaz. Pour accroître sa compétitivité face à ses rivaux, Gaz de France s'est lancé dans le trading d'énergie. Avec la Société générale, l'entreprise publique française a créé Gaselys, une filiale prestataire de services d'investissement qui achète et vend à court terme des quantités de gaz et d'électricité sur les marchés européens.

Gaselys a démarré ses activités en juillet 2001, avec une équipe mixte de trente personnes - moitié Société générale, moitié GDF - mises à disposition par leurs DRH respectives. Pour GDF, l'entrée de la finance dans une entreprise composée en majorité d'ingénieurs n'est qu'une demi-révolution, préparée tout en douceur. Les deux actionnaires ont commencé à conclure un partenariat conventionnel, en 1999, puis à partager des informations et, enfin, à se former les uns à la finance, les autres à l'énergie. La création de la filiale n'est que l'aboutissement logique de ce partenariat.

Pour lancer sa filiale, GDF a choisi de détacher de jeunes collaborateurs de formation financière recrutés au cours des cinq dernières années. Certains possèdent la double compétence ingénieur et finances et la plupart sont issus de la direction négoce de l'entreprise. Opérateurs de marché ou chargés de clientèle grands comptes chez GDF, ils sont aujourd'hui traders ou marketers. En quittant GDF, ils ont abandonné le statut spécifique des salariés de l'entreprise publique, qui concèdent des avantages sociaux importants pour se placer sous la bannière de la convention collective bancaire. Ce sont les seules indications que la direction accepte de fournir sur sa gestion des ressources humaines. « Nous essayons de gérer les gens de la manière la plus harmonisée possible. Les schémas de rémunération sont ceux du marché », indique, laconique, Luca Baccarini, le directeur général délégué de Gaselys.

André Canovas, secrétaire national CFDT en charge de GDF, attribue cette prudence à la volonté de la direction d'adopter un profil bas sur un dossier sensible. « L'expérience malheureuse d'Enron aux Etats-Unis provoque des interrogations, explique-t-il. Mais la direction assure que Gaselys n'est comparable ni en taille, ni en activité. »

Le naufrage d'Enron ouvre en tout cas une opportunité de recrutement pour le trader, qui souhaite recruter 60 personnes d'ici à la fin de l'année. Un ancien d'Enron Europe a déjà été recruté. La direction ne dit pas à quelles conditions.

Création : mai 2001.

Effectif : 40 salariés.

Activités : gestion des risques et trading de gaz et d'électricité.