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DES SALARIES PRESQUE COMME LES AUTRES

SANS | publié le : 05.03.2002 |

Les inégalités professionnelles entre les hommes et les femmes restent importantes, que ce soit en termes d'accès à l'emploi, d'évolution de carrière ou de salaire. Entreprises, bassins d'emploi, Europe... la mobilisation de tous les acteurs sera nécessaire à l'avancement de cette question. Exemples.

Les inégalités hommes/femmes dans le monde du travail ont la vie dure. Les femmes sont ainsi particulièrement affectées par les phénomènes de pénurie et de précarité de l'emploi. Bien que constituant 45 % des actifs en France, elles représentent 53 % des chômeurs et 54 % des demandeurs d'emploi de longue durée. Les femmes sont plus nombreuses que les hommes en stages et en CDD. Elles sont minoritaires en contrats de qualification (38 % en 1997) et en contrats d'apprentissage (28 %). Elles constituent la majorité des titulaires de contrats aidés (CES, CIE). Enfin, elles occupent 84 % des emplois à temps partiel et constituent 80 % des salariés gagnant moins de 557 euros par mois.

C'est peu de dire que la carrière professionnelle des femmes ne connaît pas les mêmes évolutions que celle des hommes. 61 % des femmes actives sont concentrées dans seulement six catégories socioprofessionnelle, relevant pour l'essentiel du secteur tertiaire. 90 % d'entre elles sont salariées contre 84 % des hommes. Leurs parcours professionnels sont moins évolués et moins évolutifs que ceux des hommes, et ce malgré un niveau de formation initiale plus élevé.

Des différences salariales de 25 %

Concernant la rémunération, le secrétariat d'Etat aux Droits des femmes signale encore un écart important entre les hommes et les femmes, écart qui se creuserait en fin de carrières pour atteindre 25 %, toutes choses égales par ailleurs. « Après analyses des indicateurs (ancienneté, diplôme...), 7 % à 12 % du noyau dur de la rémunération sont l'objet même de la discrimination : il n'y a aucun facteur objectif qui explique cette distorsion », assure-t-on au secrétariat d'Etat.

Bien sûr, depuis une trentaine d'années, l'égalité des droits, si ce n'est des situations concrètes, entre les hommes et les femmes a constamment enregistré de nouvelles victoires. L'une des dernières est la loi Génisson du 9 mai 2001, qui fait obligation aux entreprises de prendre en considération la dimension égalité hommes/femmes dans toutes les négociations (voir Entreprise & carrières n° 599). Elle prône à la fois des mesures spécifiques pour les femmes, mais aussi une approche globale de l'égalité. Un espoir donc, même si le Medef n'est pas follement emballé par « cette nouvelle obligation du législateur ».

Le problème est que les précédentes lois (1972, 1983...) n'ont que faiblement changé la donne. La loi intervient parce que l'évolution naturelle des choses est trop lente. Or, ce n'est que par un subtil mélange entre les obligations légales et les acquis nés de l'évolution des moeurs et des stéréotypes qu'avance la marche vers l'égalité hommes/femmes. Aussi, rien ne vaut l'anticipation et la prévention : orienter les jeunes filles dans les filières gagnantes plutôt que de les envoyer dans des voies de garage, aider les femmes à créer leur propre activité et donc leur modèle de management et de gestion...

Facteur d'activités nouvelles

L'égalité hommes/femmes n'est pas une lubie de féministes. Car, comme l'écrit Béatrice Majnoni d'Intignano (1) : « Le travail des femmes, loin d'être un facteur de chômage, est créateur d'activités nouvelles dans les économies modernes, au contraire d'affirmations hâtives fréquentes. Les femmes sont allées là où le marché du travail offrait des postes, y compris dans les emplois instables et à temps partiel. Elles ont contribué à adapter l'offre de travail à la demande exprimée par les entreprises, au moins en termes de qualification et de durée du travail. Les facteurs clés d'une croissance potentielle élevée et du plein emploi apparaissent être la croissance démographique, la diffusion rapide du progrès technique et un taux d'emploi élevé des femmes. » Ce qui est bon pour les femmes est finalement bon pour les entreprises. Cela devrait tous nous motiver.

(1) Béatrice Majnoni d'Intignano, professeur des universités à Paris XII Val-de-Marne et membre du Conseil d'analyse économique auprès du Premier ministre, dans L'iceberg féminin, notes de benchmarking international, janvier 2002, Institut de l'entreprise.

L'essentiel

1 Les carrières professionnelles des femmes sont moins évoluées et moins évolutives que celles des hommes, et ce malgré un niveau de formation initiale plus élevé. Les écarts de salaires peuvent atteindre jusqu'à 25 %.

2 La gestion des tâches de la vie privée et, notamment, la garde des enfants sont des freins majeurs à l'épanouissement professionnel des femmes, en l'absence de politique globale, puissante et volontariste en ce domaine.

3 Aider les femmes à se détacher des tâches privées, orienter les jeunes filles vers des filières de formation gagnantes, mais également les aider à créer leur propre activité et mode de management sont les actions à privilégier. Le principe de quota n'emporte pas l'adhésion de tous, y compris chez les femmes.

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