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Un nouveau défi à relever pour les organisations syndicales

SANS | publié le : 19.02.2002 |

Si les femmes demeurent sous-représentées dans les organisations syndicales, ces dernières affirment leur volonté de mieux intégrer le thème de l'égalité professionnelle dans leurs revendications.

Sommes-nous à un tournant de l'histoire dans la vie des syndicats et de l'égalité professionnelle ? Si la loi Roudy n'a eu que peu d'effets, c'est en partie parce que les syndicats n'en avaient pas fait un cheval de bataille. Alors qu'aujourd'hui, les cinq confédérations sont dans les star- ting-blocks pour se saisir de la nouvelle loi sur l'égalité professionnelle, et sont favorables à des négociations les plus décentralisées possibles », assurent Rachel Silvera et Anita Ardura. Cette économiste et cette sociologue de l'Iseres (laboratoire de recherche de la CGT) ont publié, le 8 février dernier, dans la Revue de l'Ires (Institut de recherches économiques et sociales), une étude intitulée « L'égalité hommes/femmes : quelles stratégies syndicales ? ». Il s'agit des premiers résultats d'un projet de recherche d'une durée de trois ans, financé par l'Union européenne, et portant sur six pays (la France, l'Autriche, le Danemark, les Pays-Bas, la Belgique et l'Italie).

La place des femmes

Premier constat : la place des femmes dans le monde syndical est réduite à la portion congrue. Si toutes les confédérations ont leur "commission femme ", le rapport du Conseil économique et social sur "la place des femmes dans les lieux de décisions" (2000) révèle que les instances de direction des syndicats français comptent en moyenne une représentation féminine de l'ordre du quart, avec de gros écarts entre la CGT (environ 50 % depuis 1999), la CFDT et la CFE-CGC, qui affichent des taux supérieurs à 25 %, et l'Unsa, la CFTC et FO, à la traîne.

D'autre part, notent les auteurs, « non seulement les femmes sont aussi sous-représentées dans les instances de négociations, mais qui plus est, l'égalité comme thème de négociation est peu ou pas abordée ». Elle apparaît, en effet, secondaire par rapport à la défense de l'emploi ou aux augmentations de salaires. Toutefois, en France, la nouvelle loi sur l'égalité professionnelle pourrait infléchir ces résultats en introduisant une obli- gation de négocier l'égalité, de façon spécifique mais aussi trans- versale, lors, par exemple, de négociations sur l'emploi, les salaires ou encore le temps de travail.

Nouvel enjeu

Pour les syndicats, l'égalité hommes-femmes constitue en effet un nouvel enjeu, parce qu'elle conditionne les conditions de vie et de travail d'une large partie de la population, mais aussi, soulignent les deux chercheuses, parce que « l'avenir du syndicalisme passe par une véritable reconnaissance de la place des femmes dans et hors de l'entreprise ».

Un guide CFTC pour négocier l'égalité professionnelle

Dans le cadre d'une campagne intitulée "Mieux vivre le travail au féminin" et centrée sur l'harmonisation des temps de vie, la CFTC vient de publier un guide juridique pour aider les délégués syndicaux à négocier les contrats d'égalité professionnelle prévus par la loi Génisson du 9 mai 2001. Il comporte, outre des statistiques sur l'emploi féminin et la féminisation des syndicats, un résumé de la loi Génisson et de la loi de lutte contre les discriminations, ainsi que des définitions des principaux concepts (discrimination directe, indirecte, égalité des chances...) et enfin un cas pratique de discrimination entre les sexes.

Mieux vivre l'égalité professionnelle, Questions juridiques n° 66, février 2002.