E & C : Développement & Emploi vient de lancer un programme de travail sur l'entreprise et la santé. Pourquoi ?

J. B. : La santé, au-delà des conditions de travail et de la prévention des accidents et maladies professionnelles, intéresse l'entreprise à plusieurs titres. D'abord, pour des raisons de coût : nous allons vers une hausse des cotisations sociales et donc des charges. L'entreprise sera amenée à maîtriser ces coûts. La santé constitue également un élément du management. L'entreprise ne peut pas rester en dehors des préoccupations de ses salariés. La santé en est une. Si l'entreprise se soucie de cette dimension-là, cela constitue un élément favorable pour la motivation des salariés. Enfin, l'exigence croissante de développement durable va faire qu'une société soucieuse de la santé de ses salariés gagnera en réputation, et cela comptera pour sa compétitivité.

E & C : Comment, concrètement, l'entreprise peut-elle agir pour la santé de ses salariés ?

J. B. : L'entreprise peut être un lieu d'éducation et de prévention car les gens y passent beaucoup de temps. Elle peut devenir un des acteurs des réseaux de santé, issus des "ordonnances Juppé" de 1996. Ces réseaux, qui travaillent sur la prévention, ont l'originalité de réunir des professionnels de la santé et d'autres acteurs (associations, collectivités...). Ils sont intéressants sur le plan opérationnel car ils interviennent sur un bassin de vie. Et l'on sait que l'on fait beaucoup mieux les choses localement. Ces réseaux travaillent sur des domaines où les enjeux sont immenses et où l'entreprise est directement concernée : l'alcoolisme, le tabagisme, la santé auditive, les maladies mentales.

>E & C : Les entreprises sont-elles prêtes à s'engager dans de telles actions ?

J. B. : On en est encore très loin, car la santé est envisagée comme un détournement de la mission de l'entreprise, qui est de produire. Mais un DRH qui a envie de se battre sur ce sujet peut compter sur la motivation des salariés.