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Benetton Des couleurs et de la souplesse

SANS | publié le : 12.02.2002 |

Depuis vingt ans, afin de s'ajuster aux rythmes de la mode, Benetton a su faire la démonstration de sa souplesse. Un vaste réseau de sous-traitants, des tâches à haute valeur ajoutée intégrées, et un temps de travail flexible, telles sont les clés de sa réactivité.

Benetton reprend l'offensive à l'international. Le groupe a revu sa politique de distribution avec l'ouverture de mégastores, dont deux à Paris ces dernières semaines. Il conserve son image jeune, solidaire et prête à tous les changements. Et, en interne, il a su mettre en oeuvre cette réactivité dont il est devenu l'exemple il y a plus de vingt ans. Le modèle ? Celui de son usine ultra-moderne de Castrette, près du siège de Trévise, dans l'Italie de l'Est. La partie de la production à plus haute valeur ajoutée est réalisée en interne : design, teinture - les fameuses United Colors of Benetton - coupe, contrôle qualité... Les phases plus simples sont sous-traitées. Benetton compte 7 500 salariés mais donne du travail à 30 000 personnes.

Contraint par les rythmes de la mode à produire en "juste à temps", Benetton a été l'un des pionniers italiens de la flexibilité. « Dès 1984, et en accord avec les syndicats, nous avons expérimenté l'annualisation des horaires, en échange d'une majoration de salaire. Au lieu de 40 heures par semaine, les salariés peuvent travailler jusqu'à 48 heures en période de pointe, mais ils récupèrent en période creuse », explique le directeur des relations industrielles et institutionnelles, Umberto Dardi. Cette flexibilité répond aux besoins de l'entreprise, mais prend aussi en compte une population spécifique. « L'habillement a une main-d'oeuvre essentiellement féminine, et notre moyenne d'âge se situe autour de 30-32 ans : nous devons donc gérer beaucoup de maternités, puis de retours au travail. Nous avons mis en place un système de mi-temps temporaire en fonction des besoins de la personne et pas seulement des mères de famille », raconte Umberto Darbi. Benetton a également été l'un des premiers en Italie à appliquer le job-sharing, en 1999.

Une telle politique suppose la concertation avec les syndicats, très implantés chez les ouvriers, et qui représentent désormais les deux tiers des 3 000 travailleurs de Benetton à Trévise. « Benetton est une entreprise très respectueuse des lois. Mais la direction est toujours très attentive au contexte économique et aux chiffres et ne fait pas de cadeaux », commente Luigino Tasinato, secrétaire général de la branche textile de la CGIL (le principal syndicat italien) de Trévise. Selon Fernando Bello, secrétaire général de la section locale énergie-mode-chimie de la CISL, le deuxième syndicat italien, le problème du moment, « ce sont les transferts entre l'usine de Trevignano, qui produit le matériel sportif aujourd'hui en perte de vitesse, et celle de Castrette, qui produit l'habillement. Outre la distance de vingt kilomètres entre les deux sites, les ouvriers transférés doivent affronter des changements d'horaires et de type de travail », explique-t-il.

Autre souci de l'entreprise : attirer et fidéliser certains profils dans une région où le chômage n'existe pas et où les industries textiles sont légion. Les jeunes diplômés qui se font remarquer, notamment dans le secteur commercial - de plus en plus développé puisque Benetton gère maintenant en direct une partie de son réseau de distribution -, peuvent ainsi compter sur des promotions rapides, y compris à l'international. « En l'espace de cinq à sept ans, les jeunes disposent chez nous d'une marge d'autonomie supérieure à ce que l'on trouve habituellement dans les grandes entreprises », explique Umberto Dardi. Une partie du salaire est désormais indexée sur la réalisation d'objectifs, collectifs et individuels, mais Benetton a choisi de ne pas distribuer de stock-options.

REPERES

7 500 salariés.

2 milliards d'euros de chiffre d'affaires (2000).

1965 : premiers pulls de la famille Benetton.

1986 : Benetton coté à la Bourse de Milan.

Usines : Italie (70 % de la production), Espagne, Portugal, Hongrie, Croatie et Slovénie.