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POUR & CONTRE. Les fonds de pension, William D. Crist et Jean-Christophe Le Duigou. Grasset-Les Echos. 165 pages, 12 euros

SANS | publié le : 05.02.2002 |

Pour & Contre, la petite collection brochée de Grasset-Les Echos, dont le principe est d'opposer deux auteurs autour de thèmes économiques ou de société, a fait appel, cette fois, à William Dale Crist, le patron de CalPERs, principal fonds de pension américain, et à Jean-Christophe Le Duigou, secrétaire national de la CGT, chargé des questions économiques, pour débattre des intérêts et défauts comparés, pour l'avenir des retraites, des fonds de pensions, de la répartition et de la capitalisation.

A vrai dire, cette discussion sans crispation, riche et souvent passionnante, ne se réduit pas à cette opposition de principe. Et les deux auteurs partagent avant tout le désir d'explorer des pistes permettant d'assurer à la fois un taux de couverture satisfaisant des retraites et une sécurité du système.

Bill Crist, à la tête du plus gros fonds de pension du monde, ne tient pas le discours parfois prêté de façon un peu caricaturale aux promoteurs de la capitalisation. Il défend avec CalPERS les fonds de pensions à prestations définies, qui font peser les risques du marché sur l'employeur et le gestionnaire plus que sur le salarié-épargnant, au contraire des fonds à cotisation définie, qui se multiplient.

Il souligne la nécessité d'un système associant un régime général par répartition, une épargne retraite d'entreprise - type fonds de pension - et une épargne personnelle. Il affirme privilégier une fidélité d'actionnaire et des investissements à long terme, s'insurgeant contre l'idée que les fonds de pension se réjouiraient des licenciements. Il reconnaît que le démarrage de fonds européens imposerait un effort aux employeurs et aux salariés.

En face de lui, Jean-Christophe Le Duigou prend acte des difficultés que posera à notre système actuel de répartition le choc démographique à venir. Mais le salut ne viendra pas, selon lui, de fonds de pensions européens ou à la française. Il s'oppose en particulier à l'idée selon laquelle ces systèmes par capitalisation seraient plus aptes à absorber le choc du "papy boom". Le versement des prestations imposera alors de vendre massivement des actifs, ce qui fera baisser la valeur des actifs financiers. D'où, selon lui, la volonté des défenseurs américains des fonds de pensions de voir des systèmes équivalents monter en puissance en Europe, au moment où les fonds américains devront faire face à ce choc démographique.

Plus largement, il pointe ce qui pourrait affaiblir ces régimes : une baisse prolongée de la valeur des actifs et une reprise de l'inflation. Dans une perspective keynésienne, il considère que la réduction du chômage et une redéfinition du partage des richesses, devenue moins favorable aux salariés, pourraient renforcer le système de répartition. A l'inverse, selon lui, par des mécanismes plus complexes que ceux souvent décrits, les fonds de pension, en exerçant une pression constante sur les entreprises pour garantir une rentabilité du capital, jouent pour la réduction des coûts, notamment salariaux, et donc contre l'emploi. Une défense pédagogique des prés carrés : pour le lecteur, au moins, un ouvrage enrichissant.

LES AUTEURS

Elu président du conseil d'administration de CalPERs en 1992, l'Américain William Crist dirige le plus grand fond de pension du monde (salariés de l'Etat de Californie). Il visite régulièrement Paris et les patrons d'entreprises françaises dont CalPERs est actionnaire. Il soutient la création de fonds de pension en Europe.

Jean-Christophe Le Duigou, secrétaire national de la CGT, chargé des questions économiques, mène pour ce syndicat le débat sur le financement des retraites et l'épargne salariale. Il s'oppose à l'introduction de la capitalisation dans le système français.