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Le site cherche à reclasser ses salariés

SANS | publié le : 05.02.2002 |

Plus d'un millier de salariés permanents du pôle chimique de Toulouse s'interrogent sur le sort qui va leur être réservé, quatre mois après l'explosion d'AZF. Retour sur une catastrophe humaine.

Vendredi 21 septembre 2001, 10 h 17. L'usine pétrochimique AZF, qui produit des fertilisants issus de la transformation de l'azote, vient d'exploser. Bilan : 30 morts, dont 23 salariés parmi lesquels 13 dépendaient de la sous-traitance. À peine séparées par un bras de Garonne, les installations de production des autres unités de la plate-forme chimique n'ont pas bougé. Un argument de taille pour la direction du groupe SNPE qui possède sur le site trois entreprises, condamnées comme Air Liquide et Raisio France à un arrêté préfectoral de suspension d'activité. Mais la dé- monstration de la solidité des installations industrielles de la SNPE et de ses filiales n'a, semble-t-il, pas convaincu le Premier ministre, qui a délivré, à la veille des fêtes de Noël, un premier verdict, condamnant AZF à la fermeture et la SNPE à revoir sa copie.

Perte de 300 000 euros par jour

Le groupe, qui perd 300 000 euros par jour depuis la suspension, et qui déclare avoir investi à Toulouse durant la dernière décennie plus de 53 millions d'euros pour la sécurisation et l'environnement, a rapidement fait connaître les améliorations techniques qu'il envisageait. « Nous pouvons travailler dans trois directions, annonce Bernard Fontana, directeur adjoint de SNPE Toulouse, c'est-à-dire réduire les stockages, fractionner les quantités présentes, et les confiner. Les modifications les plus lourdes nécessitent, pour leur part, près d'un an de mise en oeuvre et autorisent à terme la reprise des activités à base de phosgène dans des conditions encore plus sécurisées. » Cependant, ce plan de sécurisation du groupe n'a pas satisfait le Premier ministre qui reste embarrassé par la fabrication, in situ, de produits à base de phosgène.

Les syndicats en phase avec l'entreprise

Une fois n'est pas coutume, pour leur part, les syndicats CGT-CFDT-FO-CGC, soucieux du maintien de l'emploi, relaient certaines solutions de la direction comme le « confinement supplémentaire, la suppression des creux de stockage de phosgène ». Ils revendiquent surtout la mise en place d'une maintenance professionnelle assurée par du personnel interne et non plus par la sous-traitance. Car, sur les 600 personnes présentes sur le site, chaque jour, seules 480 sont des salariés de la SNPE.

Cette question de la sous-traitance est d'autant plus cruciale que, note une étude demandée par le préfet de la Haute-Garonne au Cabinet Bernard Brunhes, « les sous-traitants, nombreux sur le pôle, constituent un facteur de risque supplémentaire ».

L'avenir des emplois est suspendu

En attendant les expertises techniques supplémentaires demandées par le gouvernement, l'avenir d'une plate-forme de près de 5 000 emplois directs et indirects est suspendu. Ainsi, outre les 1 100 salariés du pôle chimique (AZF, SNPE, Tolochimie, Isochem, Raisio, Air Liquide), 3 600 emplois indirects ont été identifiés comme étant plus ou moins dépendants de la plate-forme. « Sur les 111 salariés de Tolochimie, explique Jackie Sendret, directeur de Tolochimie, un quart est actuellement au chômage partiel, un tiers affecté à la sûreté des installations - surveillance et maintien -, une part équivalente en détachement et le reste gérant des tâches ad- ministratives. »

Quoi qu'il en soit, l'ensemble du pôle évoque la possibilité d'expatrier un pan de ses activités. Si la SNPE ne peut plus exploiter le phosgène à Toulouse, elle « fermera et transférera à l'étranger les activités inhérentes », menace sans circonvolutions Bernard Fontana.

Depuis le début janvier, un coordonnateur auprès de la préfecture de région, nommé par le gouvernement, travaille à la reconversion du site et des hommes. A commencer par AZF, dont le sort vient d'être soldé. Une centaine de salariés seront affectés à l'inspection, l'entretien, l'administration jusqu'au printemps.

Par ailleurs, des postes en détachement provisoire ont d'ores et déjà été proposés à des salariés qualifiés, ainsi que des mutations définitives. Ensuite, on prévoit également une procédure de licenciement collectif pour raison économique avec, à la clé, des propositions de reclassement. Au regard du profil des salariés, âgés de plus de 50 ans pour plus de 45 % d'entre eux, et de plus de 55 ans pour 25 %, le recours à des mesures d'âge sera inévitablement envisagé.

PÔLE CHIMIQUE DE TOULOUSE

Effectifs : 1 100 salariés permanents.

Sous-traitants : 130 entreprises comptant 3 600 salariés.