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Epidémie de raideur

SANS | publié le : 05.02.2002 |

Quand la raideur s'installe, elle devient vite contagieuse. Comme il n'existe pas de "quarantaine" dans le monde du business, le mal se répand. L'histoire commence ainsi : autour de soi, les choses ne se passent pas aussi bien qu'on l'avait imaginé. Les équipes ne produisent pas les résultats qu'on attendait, certains projets traînent en longueur, les relations avec le service d'à côté s'enveniment, bref, la déception nous assaille par tous les fronts.

Pour éviter le petit "coup de faiblesse" qu'on ne peut s'autoriser, on réagit, on s'énerve. Raideur verbale pour commencer : on maudit la terre entière, et certaines personnes en particulier. On devient tendu, stressé, irascible. Le regard se durcit, l'échine se courbe. Devant la frustration grandissante, la raideur physique prend le relais. Nos gestes deviennent brusques et précipités. On se découvre un mal de reins ou de dos, la nuque se raidit. Parfois, ce sont des migraines ou des aigreurs d'estomac.

Pour dégager du temps dans l'encombrement chronique de ses journées, on fait des choix : arrêt du sport, moins de détente, concentration sur l'essentiel. Sans s'en rendre compte, on augmente ainsi son degré de frustration et de fatigue. L'organisme dit « ASSEZ ! » mais on ne l'écoute pas, car il faut faire face.

L'histoire se poursuit. Chacun est concentré sur ses objectifs. L'esprit se tend comme un arc. Les managers les plus "raides" adoptent des idées fermes, qu'ils défendent bec et ongles. L'humour et le fun ? Disparus. La raideur mentale a envahi le terrain. Ceux qui ne sont pas encore rigides succombent tôt ou tard. Devant l'inflexibilité des autres, ils font quelques efforts infructueux d'écoute, de compréhension et de négociation, puis entament eux aussi le cycle de l'épidémie : contrariété et frustration, fatigue physique et stress mental, et, enfin, rigidité de comportement.

Aurons-nous le courage de ne pas répondre à la raideur par la rigidité ? Notre système immunitaire psychologique - c'est-à-dire notre ouverture d'esprit et notre intelligence - est-il suffisamment vivace pour ne pas céder aux atmosphères austères ? Savons-nous discuter gentiment et avec humour avec celui qui a avalé un parapluie ? Acceptons-nous de défendre calmement un point de vue différent devant celui qui nous a déjà contré sèchement plusieurs fois ?

L'entreprise en bonne santé ne se laisse pas prendre par l'épidémie de rigidité. Elle continue à vivre, explorer, échanger, dialoguer. Les personnes pleines de vitalité y communiquent avec plaisir entre elles, voyagent beaucoup sans s'épuiser pour autant, font preuve d'une grande flexibilité d'esprit et construisent ensemble quelque chose de grand.

Qui est prêt à relever ce défi ?

Meryem Le Saget est conseil en entreprise, à Paris.

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