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Le scandale Enron ébranle l'édifice américain des retraites d'entreprises

SANS | publié le : 29.01.2002 |

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Le scandale Enron ébranle l'édifice américain des retraites d'entreprises

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De très nombreux salariés américains cotisent dans le cadre d'un plan 401k de leur entreprise. Et se posent des questions sur les choix d'investissements réalisés. Chez Enron, la forte part des actions de l'entreprise dans le plan a réduit en fumée l'épargne des salariés.

Fini les rêves de maison en Floride. Les espoirs d'une retraite confortable ont disparu avec la faillite d'Enron. Des milliers de salariés qui avaient investi leur épargne dans le plan de leur entreprise sont ruinés.

Mais leur mésaventure inquiète aussi tous les salariés du pays qui fondaient sur le 401k de leur propre compagnie l'espoir d'une retraite confortable. Et ils sont nombreux : le 401k, du nom de l'article de la loi fiscale permettant ce dispositif d'épar- gne long terme défiscalisé, a été largement utilisé par les entreprises américaines pour attirer et fidéliser les salariés. A tel point que ne pas en disposer constituait un sérieux handicap dans la guerre des talents.

Ce dispositif à cotisations définies fait porter le risque financier exclusivement sur le salarié, puisque le régime des prestations n'a pas été défini par une loi ou un accord. Or le 401k est aujourd'hui le dispositif le plus utilisé. Sa grande séduction : l'opportunité de voir l'entreprise abonder à hauteur de 50 % chaque contribution. Mais c'est bien souvent ses propres actions qu'elle ajoute au panier, quand elle n'oriente pas les choix d'investissements de ses salariés.

Résultat : chez Enron, la valeur maison représentait 60 % de l'épargne. Et la pratique n'est pas isolée. Le plan de retraite des salariés de Procter et Gamble est lui aussi rempli de titres PetG à hauteur de 95 %. Chez Coca-Cola, le taux est de 81 % et chez General Electric, il atteint 77 %. Avec une aussi faible répartition du risque, une chute de l'action, et c'est la catastrophe. Une hypothèse que dix ans de croissance avaient un peu masquée. « Il aurait fallu diversifier le portefeuille en achetant d'autres actions... pour réduire les risques », entend-on tous les jours au Congrès, dans les cinq comités de travail penchés sur la question.

Un expert en la matière, Jon Corzine, l'ancien patron de la banque Goldman Sachs devenu sénateur démocrate de l'Etat du New Jersey, et Barbara Boxer, sa consoeur de Californie, ont concocté un projet de réforme pour assagir la formule. Avec ce nouveau 401 (k), il serait interdit de placer plus de 20 % des actifs d'un portefeuille en un seul titre. « Ces règles prudentes protégeront les gens sur le long terme », dit le sénateur. Pourtant, la partie n'est pas gagnée. Les tenants de la libre entreprise estiment qu'on réduit ainsi leur liberté de choix. Et affirment que les entreprises seront moins généreuses au moment d'abonder les contributions de leurs salariés.