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Un marché encore disparate

SANS | publié le : 08.01.2002 |

Une trentaine d'agences officient sur le marché de la notation sociale et environnementale, avec des pratiques très diverses et parfois opaques. Pour l'heure, elles dominent souvent sur leur zone géographique.

Le business du rating social commence à être encombré. En quelques années, une trentaine d'agences se sont créées pour aider les gestionnaires de fonds à orienter leurs choix d'investissement en fonction de critères éthiques, de développement durable, ou de RSE, selon l'approche retenue. Agences indépendantes et départements spécialisés de grandes banques, qui fournissent leurs informations à l'extérieur, se sont ajoutés aux cellules internes de fonds de pensions anglo-saxons.

Screening

Historiquement, ce screening (passage au crible) a commencé autour de critè- res d'exclusion, notamment dans le monde anglo-saxon. Il s'agissait d'écarter du portefeuille des valeurs non éthi- ques - armes, jeu, alcool, tabac, etc. -, y compris pour des entreprises ne réalisant qu'une petite partie de leur chiffre d'affaires dans ces secteurs. L'agence française Arese est sans doute la plus avancée dans une autre logique des best of class, s'efforçant d'analyser les meil- leures pratiques sociales et environnementales, pour favoriser les entreprises qui représentent le moins de risques dans ces domaines. Un discours plus accessible aux actionnaires classiques. « Arèse porte un peu cette thématique assez française, explique un expert du secteur. Mais elle a du mal à percer au niveau international. » En attendant, elle délivre son rating auprès de la grande majorité des gestionnaires de fonds éthiques français.

Incitation législative

« à l'heure actuelle, les agences ont sans doute besoin d'une incitation législative en Europe pour disposer d'un appareil de reporting plus complet, explique éric Loiselet, associé du cabinet de conseil Terra Nova. L'accès à l'information représente un coût et les investisseurs ne sont pas toujours prêts à la rémunérer très cher, surtout pour des fonds naissants. Si des contraintes légales ou des réglements de la COB permettaient la mise à disposition d'informations sur les risques environnementaux et sociaux, les agences pourraient utiliser plus de temps pour les vérifications de terrain. Nous avons mené une étude sur une vingtaine d'entre elles : le temps consacré à une entreprise cotée varie de 5 à 12 jours/homme par an. »

L'essentiel des données est recueilli sur le mode déclaratif, via les questionnaires envoyés par les agences. Un risque évident en matière de fiabilité des informations, même si certaines agences comme Arese complètent occasionnellement le questionnaire de visites de sites ou d'entretiens avec les syndicats. Les entreprises ont aussi compris que, sur le long terme, il serait risqué pour leur image de ne pas jouer le jeu de la transparence.

D'autre part, ce rating, qui ne mesure encore souvent, pour le moment, que des déclarations de politique sociale, devrait devenir de plus en plus pertinent à mesure que la durée permettra de regarder aussi l'évolution d'indicateurs sociaux mis en place.

Quant à la multiplication des grilles d'analyse, un début de rationalisation du secteur est en cours, avec le rapprochement de nombreuses agences européennes au sein de plusieurs réseaux. Une forme de partage des territoires, qui devrait limiter les sollicitations auprès des DRH de grands groupes, qui peuvent recevoir une demi-douzaine de questionnaires par an.

Concours de bonnes pratiques

La Commission européenne ouvre, au printemps prochain, un concours des meilleures pratiques : 100 lauréats seront choisis en 2003.

La Commission européenne, avec sa direction des Affaires sociales et de l'Emploi, va lancer, l'année prochaine, un concours des meilleures pratiques en matière de formation continue, d'égalité des sexes et de promotion de la diversité, avec des récompenses pour chaque catégorie. Les entreprises sélectionnées figureront sur une liste des "100 meilleurs employeurs en Europe". Les entreprises pourront faire acte de candidature au printemps prochain, et les résultats devraient être proclamés en mars 2003. Chaque candidat devra rédiger un dossier qui sera examiné par un comité d'évaluation. à la Commission, on souligne qu'il s'agit « d'encourager les efforts consentis par les entreprises en vue d'atteindre les objectifs de la politique sociale de l'UE ». Mais on se refuse à considérer le concours comme une première étape vers le rating social des entreprises européennes.

Les préférées des gérants

- Accor - Aventis - BNP Paribas - Carrefour - Danone - France Télécom - Lafarge - L'Oréal - Renault - Sanofi-Synthelabo - Suez - Vivendi-Universal

Les premières lignes d'investissement des fonds qui privilégient le critère "politique sociale" (avec, en général, "respect de l'environnement") font le plus régulièrement ressortir ces entreprises françaises.