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Malgré l'été, la production a continué à Mulhouse

SANS | publié le : 08.01.2002 |

C'était une première pour tout le groupe PSA, et une expérience innovante dans le secteur automobile. Il n'y pas eu de fermeture de trois semaines, l'été dernier, sur le site de Mulhouse. L'opération était planifiée depuis l'automne 2000.

En novembre dernier, la direction du groupe PSA a signé, avec plusieurs syndicats (CFDT, FO, CGC, CFTC et GSEA), un accord sur les congés 2002. Celui-ci reconduit un dispositif qui représente une petite révolution dans les usines du groupe : le non-stop, soit une production continue pendant tout l'été, disposition encore rare dans tout le secteur automobile. L'accord 2001 prévoyait déjà cette possibilité. Seul Mulhouse l'avait utilisé pour toute la production, ce qui en a fait un site pilote.

Longue préparation

Dans cette usine de 15 000 salariés, dont 2 500 intérimaires, l'idée a été lancée dès l'automne 2000. Elle impliquait, en effet, une longue préparation pour le choix des congés, la formation et le recrutement de jeunes intérimaires. Le non-stop s'est soldé, comme prévu, par la production de 27 000 véhicules supplémentaires (Peugeot 206 et 307) sur trois semaines, et a permis au personnel d'expérimenter l'étalement des congés annuels. « Les salariés ont découvert une part de liberté supplémentaire. Ceux qui ont reçu des formations et assuré des fonctions d'encadrement durant cette période y trouveront un plus pour leur carrière, et les jeunes ont vécu une expérience positive du monde du travail », déclare Jacqueline Le Guilloux, déléguée FO, qui remarque, aussi, que la production supplémentaire réalisée améliorera les revenus des salariés grâce aux formules d'intéressement.

Moins enthousiaste, la CGT signale que la polyvalence des opérateurs pendant l'ouverture non-stop pose des problèmes de conditions de travail. « La fréquence des accidents du travail déclarée pour les non-intérimaires est passée de 7 % à 9 % durant les mois de juillet-août », affirme Laurent Muth, secrétaire général du syndicat sur le site. « On a préparé cela avec un luxe d'énergie et de précautions. Il y a, à présent, un outil qu'il s'agit en quelque sorte d'industrialiser, cette culture de la non-fermeture que nous venons d'introduire dans le groupe PSA », déclare, de son côté, la direction de Mulhouse, satisfaite de l'expérience.

Accord sur les congés

Dès le début de l'opération, cette dernière a organisé des réunions mensuelles avec les représentants du personnel. Dans un premier temps, ces négociations ont abouti à un accord précisant les règles de prises de congés, signé en décembre 2000 par les organisations syndicales, hormis la CGT, qui demandait, en plus, l'embauche de salariés non intérimaires. Le personnel a pu proposer ses dates de congés, qui ont été acceptées à 95 %. La proportion de personnel partant en congés en même temps s'est ainsi limitée aux 25 % par atelier de production souhaités par le constructeur, hormis quelques dépassements ponctuels ; 300 salariés ont recu des formations complémentaires afin d'augmenter leurs capacités à la polyvalence ; 30 ont acquis la possibilité de remplacer les chefs d'équipe. « Ceux qui ont exercé des fonctions provisoires reçoivent une prime spéciale. Ils retournent sur leurs postes initiaux, mais cette expérience servira à leur évolution de carrière à long terme », précise le DRH.

Échelonné depuis avril, le recrutement de 2 000 intérimaires, notamment parmi une population étudiante, a complété le dispositif. « Dans un contexte de pénurie de main-d'oeuvre et sans perspectives d'embauche, nous n'aurions pas trouvé le nombre d'intérimaires suffisant si nous n'avions pas fait appel aux étudiants », remarque Jacqueline Le Guilloux.

Ils ont reçu, selon le degré de spécialisation des postes, entre deux et quinze jours de formation pour un coût évalué à 6,1 millions d'euros. « En regard des milliers de véhicules produits, cet investissement, qui ne restera pas dans l'entreprise, car les étudiants reprennent les cours, est raisonnable », juge le constructeur. En acceptant des jeunes en contrats d'intérim, l'entreprise s'est engagée à ne pas les détourner du système éducatif. « Il est plus important pour eux, et à long terme pour l'entreprise, qu'ils mènent leurs études à bien », précise la direction.

REPèRES

15 000

salariés dont 2 500 intérimaires.

300 formations complémentaires.

2 000 intérimaires recrutés sur la période.

Historique

Automne 2000 : décision de production non-stop à l'été 2001.

Décembre 2000 : accord sur les règles de prises de congés.

15 février 2001 : remise des dates de vacances (délai initial de fin janvier prolongé).

À partir d'avril 2001 : sélection et recrutement de 2 000 intérimaires, puis formation de deux à quinze jours.

Août 2001 : 27 000 véhicules supplémentaires produits sur une période de trois semaines.