G.C. Les partenaires sociaux qui sont étroitement associés à la gestion de l'épargne salariale ont le souci d'ouvrir une partie des véhicules de placement proposés aux salariés à la dimension éthique. De grandes centrales comme la CFDT ou la CGT se sont exprimées en ce sens. Une large palette de fonds de ce type existe sur le marché. Nous-mêmes avons lancé un fonds nommé Fructi Capital Ethique, en collaboration avec la société Arese, dans lequel nous avons privilégié l'approche sociale et environnementale. Nous avons également le projet de lancer un fonds plus spécialisé sur le seul critère social.

G.C. Je pense que ce type d'épargne ne montera en puissance que si les performances financières restent compétitives. Les épargnants ne sont pas prêts à sacrifier la rentabilité. Or, la définition de cette notion d'éthique commence au- jourd'hui à se clarifier.

Depuis deux ou trois ans, les salariés font de mieux en mieux la différence entre fonds de partage, fonds éthiques, fonds de croissance durable, etc. D'autre part, cette approche de gestion n'est pas étrangère à l'univers de l'épargne salariale. Depuis déjà longtemps, les conseils de surveillance des FCPE, composés de partenaires sociaux, gardent un oeil vigilant sur l'orientation de leur épargne et ne nous permettraient pas de faire des "coups de Bourse".

G.C. Pour l'instant, 97 % des entreprises ne disposent pas d'outils d'épargne salariale. Mais la loi Fabius ouvre des pistes intéressantes, notamment celle des accords de branche ou des accords locaux pour des plans interentreprises. Et elle souligne la possibilité de demander au gestionnaire une orientation éthique pour ces véhicules. C'est une affaire de longue haleine, mais les choses peuvent s'accélérer étant donné les montants en jeu, l'épargne salariale pouvant, en effet, représenter plusieurs mois de sa- laires par an.