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SANS

L'année du lâcher-prise

SANS | publié le : 08.01.2002 |

L'individu n'aime pas être malmené par les événements. Il préfère avoir le sentiment de maîtriser sa vie et le cours des choses. Seulement voilà, notre époque se rit de notre besoin de contrôle. Elle s'évertue même malicieusement à ébranler nos certitudes. Effectivement, que contrôle-t-on aujourd'hui dans son travail, sa vie affective, les choix de vie de ses enfants, la santé de sa famille ou celle de ses proches ? Pas grand chose. Sans parler des événements mondiaux ou des aléas de l'économie ! En vérité, tout semble nous appeler à un gigantesque "lâcher-prise", à une transformation radicale de nos façons d'agir. Mais l'individu, qui déteste baigner dans l'incertitude, ne veut pas lâcher prise. Il exprime alors son "besoin de contrôle" par d'autres biais.

Parmi les manifestations habituelles de sa détermination figure le contrôle du temps. Vouloir, par exemple, être celui qui décide de l'heure et la date des réunions, des rendez-vous, des remises de rapport. Faire changer son interlocuteur quand ses créneaux horaires ne conviennent pas. Exiger finalement que la vie se déroule dans "son timing à soi". Et pendant ce temps l'entourage fait des concessions en permanence pour s'adapter. Terrible tyrannie. Mais ce n'est pas la seule. S'y ajoute le mauvais usage du pouvoir hiérarchique qui justifie bien des abus, déguisés sous les traits couramment acceptés de l'autorité du chef sur ses subordonnés. « On ne peut rien dire, c'est le chef ! »

Autre version du besoin de pouvoir : l'envie d'avoir raison, assez universellement répandue. Lorsqu'on n'est pas très solide intérieurement, on cherche des points d'appui, des réassurances. On a peur d'écouter l'autre, d'envisager d'autres perspectives. On préfère imposer son avis à tous. Curieuse manière - illusoire - de développer sa force !

Si certains assujettissent les autres par le temps ou la domination abusive, d'autres le font par le contrôle de l'information. Ceux-là veulent instaurer des codes informatiques partout, des badges pour circuler, des accès confidentiels aux dossiers. L'intranet maison se transforme en paquebot à caissons étanches où toutes les données sont cloisonnées. D'autres gardent soigneusement pour eux les informations qu'ils détiennent, sans les partager avec leurs collaborateurs. A l'ère d'Internet, cette guerre du contrôle de l'information est perdue d'avance. Mais elle a encore des adeptes.

La galerie de portraits n'est pas finie. Y figurent aussi les maniaques des méthodes qui ne savent pas respirer sans "mettre les processus sous contrôle". Pourtant, l'esprit de collaboration qui fait vivre les processus se développe par la confiance, c'est-à-dire l'opposé du besoin de contrôle.

Cette année pourrait-elle devenir celle du lâcher-prise, où chacun arrêterait de vouloir tout contrôler ? Quelle bouffée d'oxygène pour les organisations, le travail en équipe et la vie familiale !