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L’invitée

Laetitia Langlois, l’écolo à l’école

L’invitée | publié le : 01.07.2023 | Lys Zohin

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Laetitia Langlois, l’écolo à l’école

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Former les futurs managers et décideurs en leur donnant aussi bien des connaissances scientifiques qu’une vision concrète pour opérer la nécessaire transformation est la mission de Laetitia Langlois, responsable de la transition écologique à ESCP. Si l’effort doit évidemment être collectif, elle estime de plus qu’à l’échelle individuelle, chacun peut faire beaucoup. Les cours dispensés consacrent ces deux aspects.

Laetitia Langlois est une femme pressée. Si le premier cours concernant les enjeux environnementaux a été proposé par ESCP en 1992 et que l’école de commerce faisait, à ce titre, figure de pionnière, « nous étions déjà en retard ! », tranche-t-elle. Elle n’a pris ses fonctions de responsable de la transition écologique pour cet établissement qu’en 2020 – après l’arrivée d’Aurélien Acquier, professeur titulaire de stratégie et durabilité au département de management de ESCP Business School, en tant que doyen associé à la transition et au développement durable de l’école, précise-t-elle – et elle fait feu de tout bois depuis.

Pas question de faire du saupoudrage et d’accoler les termes « écologie » ou « transition » à une variété de cours, sans grande profondeur, ni d’isoler les enjeux dans un seul, que ne suivraient que quelques-uns des étudiants. « Tous les cours doivent inclure la transition écologique, mais nous voulons d’abord donner des clés de compréhension avec, d’une part, une approche scientifique en ce qui concerne les enjeux et, de l’autre, une proposition qui passe aussi bien par l’exploration de modèles d’affaires alternatifs que par le management », explique-t-elle. Mettre tous les étudiants au même niveau est d’autant plus important que l’école de commerce compte 75 nationalités différentes parmi les étudiants et que tous n’ont pas les mêmes connaissances ni la même sensibilité face au dérèglement climatique. Depuis 2022, ce cours de base est obligatoire pour chaque cursus. En outre, les étudiants peuvent, dans le cadre d’un large éventail de cours qu’ils peuvent sélectionner, réfléchir aux enjeux sociaux, à l’innovation environnementale, à la finance durable, et même, dans le cadre du design fiction, qui allie prospective, créativité et design pour explorer et réinventer les futurs possibles, imaginer par exemple comment Paris pourrait s’adapter à une température de 50 degrés, du fait de vagues de chaleur, et surtout, trouver des solutions concrètes, notamment pour les plus vulnérables comme les sans-abris… « Nous avons en outre mis en ligne, en accès libre, un cours traitant de l’articulation énergie-climat-business depuis plus d’un an. Nous ne sommes pas parfaits, mais notre but est de partager le plus d’informations et de bonnes pratiques possibles, auprès du public le plus large possible. Pour ce faire, nous sommes également en contact avec nos concurrents, les autres grandes écoles, dans le cadre de la Conférence des grandes écoles ainsi que de la Conférence des directeurs des écoles françaises de management. Je suis convaincue que s’il faut évidemment la coopération de tous pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, chacun peut également faire beaucoup à l’échelle individuelle. »

Le déclic de l’Erika

Laetitia fait d’ailleurs partie de ces citoyens qui ont déjà fait beaucoup pour l’environnement. « Je suis de la génération qui a été très choquée, très affectée par le naufrage du navire pétrolier l’Erika en décembre 1999, au large de la Bretagne, responsable d’une marée noire catastrophique. Et j’ai toujours aimé la nature, les animaux, la biodiversité… La nature provoque un émerveillement tel qu’il nourrit en moi un élan de protection », explique-t-elle. Étudiante en droit, elle s’est non seulement spécialisée dans le droit environnemental, mais en plus, elle s’est, entre autres, portée volontaire pour assurer la communication de Blue Forest Project, qui vise à préserver les écosystèmes marins et côtiers, de même qu’elle est aujourd’hui animatrice certifiée de la Fresque Océane. S’appliquant à elle-même la philosophie qu’elle défend dans le cadre de sa mission au sein de ESCP, elle parcourt l’Europe en train pour visiter, de Paris à Berlin, de Madrid à Turin, les différents campus de l’école de commerce et prêcher la bonne parole. « Certains m’ont dit : “Tu es folle, cela représente des heures et des heures de train !”, mais il faut démystifier cela et montrer que c’est possible ! », s’exclame-t-elle, tout en évitant de se poser en « donneuse de leçons ». Autant dire, en tout cas, qu’elle était faite pour le poste à ESCP…

Demande des étudiants et des entreprises

Si les étudiants sont friands de cet enseignement sur le développement durable et la lutte que peuvent mener entreprises et citoyens contre le dérèglement climatique, au point que le campus de Paris a vu, pour les cours spécialisés, les inscriptions tripler depuis 2021 tandis que les campus à l’étranger ont connu eux aussi une demande accrue pour apprendre davantage sur ces sujets, les entreprises elles-mêmes ne sont pas en reste. De nouveaux postes émergent, tels que celui d’expert en transition bas carbone ou en adaptation climatique, de responsable du score social et environnemental ou du bilan carbone… Et les employeurs veulent pouvoir compter sur les institutions d’enseignement supérieur, dont les écoles de commerce, pour leur fournir rapidement les compétences dont elles ont besoin. Au-delà des connaissances scientifiques, certaines expertises, comme l’utilisation d’outils pour établir un bilan carbone, sont déjà enseignées à ESCP aux étudiants, ainsi qu’aux professionnels déjà en poste en entreprise, dans le cadre de la formation continue, pour les aider à établir un plan climat ou une triple comptabilité (performance économique, mais aussi sociale et environnementale). « La transition écologique est un pilier essentiel de notre développement en tant qu’école », conclut Laetitia Langlois. Un message auquel les dirigeants d’entreprises et les DRH, aux prises avec la crise énergétique, écologique et des talents, ne peuvent qu’être sensibles…

Laetitia Langlois en trois clés

• Responsable de la transition écologique à ESCP depuis 2020, Laetitia Langlois accompagne l’école de commerce dans sa transformation.

• Juriste de formation, puis diplômée de l’Institut Catholique de Paris en gestion de projet environnemental, elle a travaillé pour diverses structures, dont des ONG et des institutions internationales.

• Elle a ainsi été référente COP21 pour le Shift Project, puis chargée de mission durable chez Enedis avant d’occuper le poste de rédactrice spécialisée en environnement aux éditions Lamy.

Auteur

  • Lys Zohin