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Sur le terrain

Organisation du travail : Volt Athletics a adopté le « vendredi flexible »

Sur le terrain | publié le : 29.05.2023 | Caroline Crosdale

La plateforme américaine d’entraînement sportif numérique laisse ses salariés choisir ce qu’ils font de leur dernier jour de travail de la semaine. Réflexion, promenade entre amis, visite de la famille, le tout sans interférence de leur encadrement.

La start-up de Seattle Volt Athletics a testé la semaine des quatre jours durant l’été 2020. Depuis, ses 27 salariés ne jurent que par les bienfaits du « vendredi flexible ». « Nous ne changerons jamais, cela fait partie de notre culture », explique Sarah Ray, responsable du développement des affaires chez Volt Athletics, une plateforme numérique d’entraînement sportif. Et de reprendre la genèse du projet « vendredi flexible ». Le fondateur, Dan Giuliani, se demandait comment combattre le burn-out parmi ses troupes durant la période post-Covid. Du fait de la pandémie, la direction de Volt Athletics avait renvoyé ses employés chez eux. Et le vendredi n’était plus aussi amusant. Fini les verres de fin d’après-midi au bureau, place à la fatigue, coincé chez soi devant l’ordinateur. C’est pourquoi Dan Giuliani a proclamé le « vendredi flexible » pour que ceux qui le désirent aillent se promener, rendent visite à leurs amis… ou tout simplement rattrapent leur retard d’e-mails.

100 % de satisfaction

Le modèle adopté n’est pas rigide. Il ne s’agit pas d’abattre 40 heures de travail sur une période stricte de quatre jours. Chacun déroule sa fin de semaine comme il le désire, sans consulter son chef. Souvent, Sarah Ray se déconnecte complètement pendant trois jours. Parfois, elle poursuit son travail le vendredi, tranquillement, sans réunion. « Je décide seule de l’usage de mon temps, il n’y a pas de micromanagement de la hiérarchie, tant que les résultats sont là », dit-elle. Lorsque Sarah Ray prend son vendredi, la jeune mère fait la lessive et les courses dès le premier jour. Et durant le week-end, mère, père et fils voyagent pour retrouver famille et amis. Bien sûr, il arrive qu’un usager de la plateforme Volt Athletics ait besoin d’aide le vendredi. L’équipe technique maintient donc une permanence, quitte à rattraper ce temps pendant la semaine.

La nouvelle organisation est très populaire parmi les salariés. Un mini sondage interne réalisé en 2020 montre que 100 % se disent plus satisfaits de leur travail, 70 % parlent même de satisfaction « supérieure ». Et 96 % estiment que leur productivité n’en a pas pâti.

« Le lundi matin, je reviens en pleine forme, atteste Sarah Ray. J’ai rechargé mes batteries. Je suis prête à m’attaquer à de nouveaux défis. C’est une question de physiologie. De la même manière que mes muscles ont besoin de temps pour se reconstituer, mon esprit lui aussi a besoin de repos. »

Sarah Ray se dit plus créative. S’il n’y avait pas eu ces voyages, elle n’aurait pas assisté à des rodéos, par exemple, ni pensé à démarcher ces professionnels. « Je ne pensais pas que cela pourrait être un débouché pour notre entreprise », avoue-t-elle. En fait, ils ont tout de suite accroché.

La créativité se développe, la productivité aussi. « L’an dernier, nous avons ajouté 22 nouvelles fonctionnalités à la plateforme ; cette année, nous sommes déjà à 17 », assure-t-elle. Et le chiffre d’affaires progresse également. D’autant qu’auparavant, les clients payaient un abonnement de 1 300 dollars par personne et par an. Aujourd’hui, c’est 2 800 dollars.

Le « vendredi flexible » se révèle donc très efficace pour les affaires. C’est aussi un excellent outil de recrutement et de fidélisation. « Seattle est la ville d’Amazon, Microsoft et Google, explique la responsable du développement. Ces employeurs rémunèrent beaucoup pour de longues heures de travail. Nous ne pouvons pas offrir les mêmes salaires. Mais nous mettons en avant un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle. En conséquence, il y a un an, lorsqu’une place s’est libérée, nous avons reçu 600 candidatures. Nous étions noyés sous les CV… »

Une expérience qui essaime

Sarah Ray est devenue une fervente adepte de la semaine des quatre jours. Elle aime son côté pionnier. « Nous avons été contactés par plusieurs entreprises. C’est amusant de parler de notre expérience », dit-elle. Mais le modèle de la start-up peut-il être répliqué dans une grande société ? « Dans le high-tech, où nombre de tâches se font au téléphone ou sur ordinateur, c’est possible. À condition que l’encadrement joue le jeu, tranche-t-elle. Si le chef ne fait pas confiance à son équipe, la mise en place d’une semaine de quatre jours n’est pas possible. »

Sarah Ray a en tout cas convaincu son mari. Son entreprise de 3 000 employés, elle aussi dans le secteur du bien-être et de la santé, va bientôt sauter le pas…

Auteur

  • Caroline Crosdale