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Les clés

Les managers de métier, c’est fini !

Les clés | À lire | publié le : 29.05.2023 | Irène Lopez

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Les managers de métier, c’est fini !

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Et si le management que nous connaissons dans nos entreprises n’était plus du tout adapté à notre époque ? C’est la thèse de Julien Dreher, qui a cofondé Yolocracy, une communauté de partage sur les nouvelles cultures de travail.

Au travail, les situations de détresse mentale et de burn-out explosent depuis plusieurs années, ainsi que les arrêts maladie pour motifs psychologiques. D’ailleurs, en France, seuls 6 % des salariés se déclarent engagés dans leur travail. De la PME familiale au grand groupe, de l’administration à l’ONG, aucun type de structure, aucun secteur ne semble épargné. La faute tient « à un modèle de management pyramidal et bureaucratique qui a très peu évolué depuis un siècle », tranche Julien Dreher. Dans ce schéma, le manager reste une référence incontournable. Sans lui, aucune production de qualité à grande échelle ne saurait exister… « Le manager est au modèle industriel ce que le prêtre est à la religion. Il incarne, il déploie, il structure, il sécurise », compare l’auteur de Tous managers ! Mais c’était valable lorsque les entreprises reposaient sur la standardisation et le contrôle. Or le monde a changé : les modèles économiques mettent la personnalisation et le service au cœur des expériences client. C’est le sujet de la première partie de l’ouvrage. En outre, le confinement a été un révélateur de nos limites managériales : à distance, les managers ne pouvaient plus ni micromanager ni contrôler. Et dans l’urgence, il a fallu faire confiance : laisser les équipes s’auto-organiser et les collaborateurs prendre des initiatives sans validation systématique, en réinventant leur cadre de travail à la maison. Le constat a été que seuls chez eux, sans leurs managers, les salariés ont travaillé. Plutôt plus, d’ailleurs. Est-ce la fin des managers ? Non, répond Julien Dreher. « Le management est inhérent au travail collectif. Nous avons besoin de pilotage, de coordination. […] En tant que collaborateurs, nous avons besoin de cadre, de conseils qui permettent de progresser. […] Sans management, c’est le chaos », dit-il. Mais alors, quelle est la solution ? « Les fonctions managériales doivent être assurées par le plus grand nombre, et même par l’ensemble des collaborateurs. La fin du management hiérarchique, ce n’est pas la fin du management. C’est la fin des managers de métier, du statut de manager qui donne quasiment tous les droits sur ses subordonnés », enchaîne l’auteur. L’analogie de la cabine téléphonique est explicite : « Il faut démultiplier le management comme nous avons démultiplié les téléphones, afin de créer un réseau où tout le monde est connecté », écrit-il.

La seconde partie du livre repose sur des exemples concrets et des témoignages. Une contribution pour tenter de dessiner le monde du travail de demain. Chez Makesens, par exemple, les entretiens bilatéraux annuels ont été remplacés par des comités de développement. Le collaborateur s’y auto-évalue face à ses pairs, qui font des retours sur le bilan et la demande d’augmentation. En somme, Tous Managers ! est une invitation à considérer les salariés comme des adultes responsables et le travail comme un lieu de coopération et d’apprentissage permanent.

Auteur

  • Irène Lopez