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Sur le terrain

Innovation : Des titres-restaurants qui améliorent la trésorerie

Sur le terrain | publié le : 22.05.2023 | Lys Zohin

Depuis quelques mois, Openeat, une entreprise spécialisée dans la gestion des titres-restaurants et lancée en 2020, propose un nouveau modèle qui met fin au prélèvement mensuel sur salaire en permettant aux salariés d’être remboursés pour les dépenses de nourriture effectuées avec leur carte de crédit. Un avantage pour eux, mais aussi pour les services RH. Témoignage de la société Roudenn Grafik, qui s’y est convertie.

« Je ne reviendrais pas en arrière ! » s’exclame Frédérique L’Hotelier, associée cogérante de Roudenn Grafik, un imprimeur breton, qui compte une cinquantaine de collaborateurs. Elle fait allusion à la décision d’utiliser, depuis le 1er janvier 2023, les services d’Openeat, société spécialisée dans la gestion des titres-restaurants pour les entreprises. Elle propose en effet depuis quelques mois aux employeurs une nouvelle façon de faire. « Nous avions une vraie frustration, explique Jacques-Yves Harscouët, son cofondateur avec Catherine Coupet. Nous voulions secouer l’écosystème. » Un écosystème qui compte quelques poids lourds, comme Edenred ou Sodexo, mais surtout qui reproduit le même schéma, depuis la dématérialisation des titres, en 2014, à savoir un prélèvement mensuel de la part salariale sur la fiche de paie. En outre, une partie des sommes est souvent non consommée en fin d’année. Il faut alors la basculer sur l’année suivante. Bien que cette manœuvre se soit quelque peu fluidifiée ces derniers temps, « les sommes non utilisées se montent à environ 10 % à 15 % du total versé, qui s’élève, en France, à quelque 7,5 milliards d’euros par an. Ce qui est énorme, tandis que les salariés, sachant qu’il leur reste du crédit, se trouvent souvent sous la pression de dépenser », indique ainsi Jacques-Yves Harscouët. Pour éviter ces désagréments, sans parler de trésorerie bloquée, les deux cofondateurs d’Openeat, issus eux-mêmes de l’écosystème, élaborent une nouvelle philosophie pour lancer leur société, en 2020. Pourquoi, en effet, envoyer des titres-restaurants papier – ce que certains employeurs font encore – ou une carte plastique aux salariés ? Pourquoi n’utiliseraient-ils pas leur carte de crédit habituelle ? Et pourquoi prélever la part salariale du paiement des titres à l’avance sur les fiches de paie ? « Nous avons totalement déconstruit le système », enchaîne ainsi le cofondateur d’Openeat. D’abord en sécurisant l’aspect juridique et fiscal (la participation de l’employeur aux titres-restaurants de ses salariés étant exonérée des cotisations de sécurité sociale), puis l’aspect bancaire, grâce au développement d’une appli permettant d’analyser les transactions liées aux dépenses alimentaires et aux frais de restaurant. Le tout sans prélèvement initial de la part salariale sur la fiche de paie et en recréditant immédiatement les sommes dépensées sur la carte de crédit de l’utilisateur. « Non seulement cela offre de la trésorerie aux salariés, mais en plus, leur liberté est plus grande, du fait que tous les commerçants prennent une carte de crédit alors que tous n’acceptent pas des titres-restaurants dématérialisés sous la forme d’une carte », explique-t-il. Sans oublier que ce nouveau système est aussi à l’avantage des entreprises… « Nous travaillions encore avec des tickets papier, se souvient Frédérique L’Hotelier. Il fallait donc les commander, puis les distribuer, et évidemment, porter les sommes sur la fiche de paie en amont. » Autant de temps passé et de dépenses inutiles.

Avantages RH

D’ailleurs, si les salariés de Roudenn Grafik ne se plaignaient pas, c’est l’associée cogérante de l’imprimeur breton qui a été séduite par la proposition d’Openeat, mise en avant par les équipes commerciales auprès d’un membre de la direction de la société. « Nous avons dialogué avec les membres du CSE pour qu’ils sondent les salariés. Tout n’a pas été facile », ajoute Frédérique L’Hotelier. Alors que la moyenne d’âge chez l’imprimeur breton est de 45 ans, les jeunes ont tout de suite adopté l’appli, mais les seniors ont eu quelques réticences : ils jugeaient l’aspect numérique difficile pour eux et s’inquiétaient également de la reconnaissance de leurs transactions bancaires… « Après quelques semaines, l’apprentissage s’est fait et la confiance s’est établie, dit-elle. Le premier mois, les collaborateurs ont vérifié plutôt deux fois qu’une que la nouvelle solution était au point et qu’ils étaient bien remboursés rapidement de la part salariale de leurs frais. Aujourd’hui, ils sont ravis de la visibilité sur leurs dépenses dont ils profitent avec l’appli et de la trésorerie que le système procure. » Quant à la cogérante, elle profite aussi bien du gain de temps de travail apporté par le système que de la trésorerie qu’il libère également pour l’employeur, puisque ce dernier n’a pas à verser la somme patronale en amont sur la fiche de paie, l’appli permettant de moduler les appels de fonds en fonction des dépenses des salariés. Bref, « un vrai confort pour les salariés comme pour les RH et l’entreprise », conclutelle.

Et si Frédérique L’Hotelier se félicite également « de la fin des usages détournés de cet avantage employés – repas familiaux au restaurant payés le week-end avec des titres-restaurants ou transmission des titres papier à des proches », Jacques-Yves Harscouët, lui, se plaît à penser à un développement de l’analyse des dépenses qui pourrait permettre d’inciter à une meilleure alimentation, d’autant que, déjà, les petits marchands bio sont inclus dans la reconnaissance bancaire, ou ouvrir la voie à une politique territoriale. D’ailleurs, la mairie de Roubaix a approché l’entreprise de titres­-restaurants nouvelle génération pour ses 1 600 agents, en précisant que seuls les commerçants de la ville devront être inscrits dans l’appli. En outre, le cofondateur d’Openeat met en avant le fait que cette solution, ne nécessitant ni fabrication d’une carte plastique supplémentaire, avec une puce incluant des métaux rares, ni transport, revêt un autre avantage, pour le reporting extra­financier (portant sur l’impact sur l’environnement) que les entreprises doivent – ou devront, selon leur taille – publier. Et en quelques mois seulement, Openeat a déjà séduit 150 employeurs, principalement des PME et des ETI, qui comptent au total environ 2 000 salariés.

Auteur

  • Lys Zohin